vendredi 29 avril 2016

En route pour le Whabah Crater...

Je ne voulais pas y aller, j'avais trop de choses en retard avec ma formation et la route me paraissait longue... L'idée de passer la nuit à la belle étoile m'enchantait mais les effets néfastes pour le reste de la semaine risquaient de générer des difficultés supplémentaires dans ma routine quotidienne déjà suffisamment compliquée.  

Mais voilà, K. avait décidé qu'il me ferait entendre raison : apparemment ma participation était requise pour que le voyage ait un sens. A. n'ayant absolument aucune envie de passer une nuit sans commodité, l'agenda touristique a été rapidement transformé. Nous ferions la route dans une seule journée et pour éviter la chaleur, nous nous lèverons à 4 heures du matin. Great... Quelle joie!

Bien évidemment, comme je ne fais jamais les choses comme il le faudrait, j'avais un dîner intelligence émotionnelle le jeudi soir. La nuit fut courte et je me suis réellement demandé pourquoi je me levais si tôt pour voir un volcan en KSA. 

Un volcan en KSA, cela aurait quand même dû me mettre la puce à l'oreille... Ce n'est pas commun. Il y en a deux près de chez nous : le Whabah crater et le White and Black Volcano. Le deuxième est encore plus impressionnant il paraît, mais mon petit doigt me dit que j'aurai probablement peu de chances de le voir. La saison devient très chaude et les voyages dans le désert vont se limiter malheureusement, entre autres...

Le paysage initial, une autoroute rectiligne avec de chaque côté un désert de rocs toutes plus sèches les unes que les autres, nous a très vite propulsées dans un sommeil profond. Mais quelques heures plus tard, nous avons remercié la pluie des jours précédents, elle nous a offert un paysage époustouflant aux aurores. Peu de personnes peuvent se vanter d'avoir eu cette chance, je pense.
L'arrivée au volcan fut quelque peu surprenante car jusqu'à la dernière minute, il nous semblait que ce volcan n'était qu'une simple invention de l'esprit. Le paysage paraissait identique et des plus plats de tous les côtés.

Finalement, il est apparu au bout d'une très belle route. Certains bons hommes avaient déjà pris position des cabanes pour faire leur barbecue et probablement prier (bon, j'extrapole ici, après tout on était vendredi, ils auraient dû en effet être dans cette optique. Mais les voix de ces bons petits hommes sont impénétrables, nous avons donc pris grand soin de ne pas nous approcher trop lourdement de leurs véhicules. D'autant que,  nous, petites femmes en particulier n'avions aucune envie de devoir gérer la randonnée qui nous attendait en Abaya!


La descente, et dieu sait que j'aime les descentes, s'est effectuée beaucoup plus simplement que prévue. J'ai pu vérifier une fois de plus que les chaussures de randonnée servent réellement leur objectif. Même si, comme à mon habitude, j'ai terminé les pieds complètement ankylosés. Il est temps que je retrouve un bon orthopédiste.  Mais je m'éloigne encore une fois de mon sujet. Se retrouver au centre du cratère, devant cette immensité et observant le sol parsemé de copeaux de sels (?) a totalement dissipé les doutes du réveil douloureux.

Une petit merveille de paysage comme on en voit rarement et surtout jamais avec si peu de touristes. Jugez par vous-mêmes :-)

vendredi 8 avril 2016

Why do you care?

Cette question continue de résonner dans ma petite tête...

C'est vrai, pourquoi est-ce que je m'en fais d'être arrivée 14 fois en retard ce mois-ci? Enfin, quand je dis "retard", dans certaines cultures arriver à 8.15 au lieu de 8.05 relève de la ponctualité!

Non, ce n'est pas tant le fait d'avoir été gentiment rappelée à l'ordre sur ce sujet qui m'embête. Je pensais bien qu'un jour ou l'autre cela finirait par m'arriver. Mais c'est plutôt le fait que :
- je sois interpelée par un autre manager que le mien et que par ce biais j'apprenne sympathiquement que mon manager ne rentre que la semaine suivante. Donc expliquez-moi bien... Je me fais engueuler parce que j'arrive 10 minutes en retard la moitié du temps (mais au passage je pars au moins 30 min plus tard le soir quand ce n'est pas deux heures car je bosse avec les U.S. et leur journée commence quand la mienne se termine); mais mon chef a la puissance de ne pas m'informer de son retour au boulot le jour convenu et de retarder tous mes dossiers urgents d'une semaine. Oui, that makes sense!

- finalement mon chef est revenu deux jours plus tôt... Bien sûr, là encore je l'apprends par l'autre manager. C'est tellement plus simple la communication radio-corbeaux que les informations par e-mails ou textes interposés. Après tout ces technologies elles ne font que vous empoisonner la vie! - lorsque je me réunis enfin avec lui, aucune mention n'est faite de mes retards. La technique de l'autruche et de son trou fonctionne plutôt bien dans le désert :-)

Mon souci également c'est que mon cerveau semble vouloir se rebeller contre toute forme d'obligation. Je n'ai aucun problème pour arriver à l'heure à tout autre réunion ou lorsque j'ai quelque chose d'important prévu le matin. Mais mon petit tempérament français semble considérer que cette règle est absurde et par conséquent tout mon organisme refuse de s'y conformer. J'ai eu beau essayer de ne pas chatter avec la Colombie au petit matin, m'organiser pour me lever un peu plus tôt, ma sortie de la maison reste fixer à la même heure.
Que puis-je y faire? Ce n'est pas moi, c'est mon corps qui décide. Humm, je doute que cet argument soit très convaincant devant le jury final. :-)

Why do I care?
Pour ces pauvres philippins sur le campus?
Parce que nous avons une société à deux vitesses ici et que beaucoup semblent préférer fermer les yeux. Ils sont tellement gentils, se rappellent de votre nom et de vos habitudes mieux que vous. Ils ont une voix si douce et sont constamment à votre service que ce soit pour le ménage, les réceptions téléphoniques ou dans les gymnases pour nous aider à améliorer notre technique de natation, d'escalade... Et pourtant, dieu seul sait pourquoi mais certaines personnes ne daignent même pas leur adresser la parole gentiment.

Ils vivent dans des bungalows à l'extérieur de notre campus (dans quelles conditions?), travaillent douze heures par jour, une journée de repos par semaine et deux semaines de vacances tous les deux ans. Ils gagnent un salaire de misère et malgré tout ils envoient tout ce qu'ils réussissent à économiser à leur famille au pays. Ils se considèrent heureux d'avoir ce travail et cette vie relativement facile.

Comme si la vie n'était pas assez difficile pour eux, ils vivent actuellement un changement d'entreprise et sont voués à rester dans l'incertitude sur leur devenir pendant deux mois. Vous ne pouvez imaginer leur état et la tristesse qui se lit sur chacun de leurs visage. Je comprends que les rachats d'entreprise ont lieu partout et que la notion de changement ne plaît jamais à personne mais sur un si petit campus, pour des gens qui vivent déjà dans des conditions désastreuses, ne pourrait-on pas abréger un peu la peine?

C'était mon coup de gueule de la semaine ! A voir si Ratatouin réussit à débloquer cette situation...