Vous aviez peut-être apprécié (ou pas) mes histoires de taxis colombiens qui souvent se terminaient en demande en mariage. Grande nouvelle, cette fin heureuse ne risque pas de m'arriver dans ce doux nouveau pays d'adoption.
Même avec la plus grande volonté, garder son calme et une diplomatie à toute épreuve est terriblement difficile. Bien sûr, une fois de plus ces conducteurs ne sont nullement responsables de la situation dans laquelle on les met : ils sont probablement payés une misère, ne parlent pas anglais (ni arabe) et ne connaissent en rien la ville. Certains ne savent même pas s'orienter sur notre campus, alors Jeddah vous n'y pensez pas!
Ma première expérience désagréable s'est déroulée il y a 15 jours lorsque nous avons décidé, jeunes femmes indépendantes de nous rendre à une nouvelle expo d'art à la galerie Alamania. Plus de 30 artistes étaient représentés et proposaient deux sketches chacun. Après un long et douloureux périple, de nombreux appels à un ami peintre pour nous guider, nous avons enfin trouvé la petite maison, rencontré et échangé avec les artistes en personne.
Nous avions eu la génuine idée de faire d'une pierre deux coups et de nous rendre à une deuxième expo "The arabian wings", soit disant située dans les proches environs. Nous étions lundi soir mais après tout quitte à voyager tout ce chemin, autant en profiter pleinement. Bien sûr entre théorie et réalité, il y a toujours une variante et la flexibilité s'impose d'elle-même.
Notre flexibilité a néanmoins été mise à rude épreuve. Le chauffeur ne nous comprenant pas bien semblait prendre les routes opposées à celles demandées. Lorsqu'il s'est senti perdu, il a fait appel à un ami qui, bien sûr, ne comprenait pas mieux et nous a assimilées aux étrangères habituelles qui probablement au lieu de prononcer Alhyatt voulaient aller à IKEA. Toutes nos tentatives d'explications et de redirections sont restées vaines jusqu'à ce que désespérées nous avons dû nous rendre à l'évidence qu'à cette heure tardive l'expo était probablement déjà fermée.
Retour à la maison. Ce ne devrait pas être trop compliqué, hein? Vous savez comment rentrer? Eh bien oui bien sûr! Alors pourquoi est-ce que vous allez dans le sens opposé de ce qui est indiqué sur le GPS? Tout simplement parce qu'il ne connaît qu'une seule manière de retrouver Medinah road et que nous ferons un nombre impressionnant de demi-tours pour retrouver le seul chemin qu'il connaissait. Et bien sûr, il aurait aimé avoir un pourboire... Pourquoi n'a-t-il pas de GPS me direz-vous? Tout simplement parce que la société qui les paie une misère considère qu'ils doivent se le procurer eux-mêmes. A priori ils doivent aussi se former eux-même et apprendre l'anglais tous seuls? Cela ne fait pas un peu beaucoup quand même? Incroyable, à notre époque, que les choses puissent encore se dérouler ainsi. :-(
Confiante, j'analysais cette situation comme le résultat d'un piètre choix de la compagnie (nous en avons trois sur le campus) mais la vie a décidé de me démontrer que j'étais encore une fois trop utopique. Hier soir, jeune femme indépendante, j'ai souhaité me rendre seule à Jeddah pour rejoindre une amie pour une intéressante expo d'art. Eh oui encore... Qui a dit qu'il n'y avait pas d'art qui vaille en KSA? Je ne prenais pas un très grand risque en y allant seule puisque le lieu était situé entre deux centres commerciaux très réputés. J'admets, je n'ai aucune idée comment m'y rendre seule, mais c'est bien la raison pour laquelle je fais appel à un taxi, non? Je me suis donc assoupie gaiement après ma longue semaine de travail jusqu'à ce que ce monsieur me demande en un pseudo-anglais de regarder mon app pour savoir où nous devions nous rendre. Mon app? Euh... n'es-tu pas supposé savoir où je dois aller? Fort heureusement ma bonne étoile m'a immédiatement montré le bâtiment où je devais retrouver mon amie.
Où est l'entrée exactement, là où il souhaite sans aucun remords me laisser ne montre aucunement le signe d'une porte d'entrée. Je doute sincèrement et fortement être au bon endroit. Petit appel à mon amie saudi, qui me le confirme. Comment ce chauffeur pouvait-il même imaginer me laisser à cet endroit toute seule, par cette chaleur il espérait peut-être que j'allais m'amuser à me promener et à demander mon chemin à qui mieux-mieux avec mon abaya?
Avant de le quitter, je lui demande d'informer l'entreprise que je souhaite changer mon horaire de retour et retarder d'une heure. Il m'assure qu'il vient de le faire... Sauf que... A 20h40 (parce que bien sûr ils arrivent toujours bien plus tôt que prévu, on est supposée ne pas avoir de vie ou quoi??) un autre chauffeur m'appelle pour m'annoncer qu'il m'attend je ne sais où. Après négociation délicate avec le chauffeur, puisqu'une fois de plus nous n'avons pas de langage commun, l'entreprise m'appelle. Alors que mon interlocuteur essaie de me faire passer pour une mauvaise cliente et voulant m'octroyer le paiement d'une heure d'attente, je finis par avoir gain de cause. On me récupérera à 22 heures et je paierai la course normale.
Bien sûr à 21h40, un nouveau chauffeur m'appelle (grrrrrr) et souhaite venir me récupérer. Non merci, je suis toujours en train de dîner. Mon amie tente sereinement et clairement de lui expliquer comment nous retrouver au restaurant situé à 10 mètres de là où il se trouve. Bien sûr, impossible pour lui de comprendre comment nous localiser. Mon amie offre donc de me conduire à lui. Grrrrr.
Rentrée indemne, je redoute déjà la prochaine invitation à sortir. Je ne peux quand même pas toujours dépendre de mes amis pour sortir librement ! Définitivement, mon séjour ici aura lourdement appuyé sur le levier "indépendance" qui semblait un peu trop fortement me représenter pendant toutes ces années.
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