Enfin quelques heures de repos... Jamais les semaines ne m'ont semblé aussi longues. Bon il faut dire que j'ai rarement fait d'aussi longues journées. Oui je sais, c'est dur à croire mais c'est pourtant vrai. Je ne sais pas dans quel monde on vit, où je suis tombée ou si j'attire tout simplement ces situations... Bon, c'est probablement plus la dernière option. Je suppose que je n'ai toujours pas appris à ne pas en faire trop et à ne pas me sentir coupable si je ne fais pas tout à la précision et au meilleur de moi-même sans jamais rien laisser au hasard. Eh bien, si je veux survivre dans ce monde de requins il va falloir que j'apprenne et vite avant de me laisser happer.
Mais comme je disais précédemment, heureusement il y a les week-ends et les amis qui sont omni-présents et d'une grande aide. Impressionnant, au final les années se suivent et se ressemblent. D'aucun peut vivre dans une grande ville où les activités ne manquent jamais et les rues grouillent de gens et se sentir infiniment seul. Cette même personne peut alors se retrouver dans un lieu totalement isolé et désespérément petit et sans grande animation et ne plus avoir un seul moment à soi, toujours entourée d'amis prêts à l'aider et à organiser d'agréables moments.
Mais ce charmant conte de fées ne dure que très peu, et le retour à la réalité ne se fait pas attendre. Ce week-end a priori un attentat suicide a eu lieu dans l'est du pays et malheureusement certains membres ou amis de la famille de mes étudiants ont été touchés. Dans notre petite bulle, je pense que je dois être la seule au courant, car bien sûr ici rien ne filtre et comme les médias occidentaux n'en parle pas vraiment c'est un peu complexe de suivre l'actualité.
De fait, notre petite vie est rythmée par les fêtes organisées ici et là et les dîners entre amis. Mardi soir, j'étais invitée à un girly-dinner. Un vrai festin entre filles, à discuter de sujets typiquement girly et à oublier le mode travail. Samaher est la meilleure cuisinière de notre équipe, elle avait mis les petits plats dans les grands. Impressionnant!

Mais avant cette petite mise en scène, nous sommes parties faire les magasins avec Caro. Toute une expérience interculturelle encore une fois. Vu l'horaire des bus, nous avons décidé de prendre le taxi. Mon objectif le plus important: acheter du shampoing. Comme l'a très bien fait remarquer Caro, se concentrer sur ce seul point, correspondrait au shampoing le plus cher de mon existence. Il fallait donc bien se sacrifier et prendre soin de faire de plus amples emplettes. Comme précisé précédemment, nulle ne peut essayer d'articles dans les magasins. Eh bien, je vous le dis mesdames, c'est beaucoup moins amusant. Devoir réfléchir à trois fois avant de choisir quelque chose, devoir l'acheter et ensuite l'essayer dans les toilettes en prenant soin de le faire avant l'heure de la prière pour ne pas avoir à attendre une demi-heure supplémentaire, cela réclame un grand savoir-faire et une grande connaissance de soi. Car pas le droit à l'erreur sinon vous êtes bonnes pour retourner dans tous les magasins pour un refund ou pour changer de taille. Mais la deuxième solution requiert de retourner dans les toilettes et de retrouver sa voie ensuite rapidement jusqu'au magasin et ainsi de suite. Autant dire que l'on achète deux-trois choses et l'on se dirige vers les toilettes avant qu'il ne soit trop tard, en faisant une petite pause gourmande malgré tout à La Brioche Dorée qui nous transpose l'espace d'un instant dans les rues de Paris avec un délicieux chausson aux pommes. Impressionnant, ce qu'une simple pâtisserie peut faire sur votre système nerveux.
L'expérience essayage aux toilettes fut tout aussi mémorable. Le premier T-shirt m'allant comme un gant fut plutôt facile à essayer mais le deuxième m'a immédiatement paru trop grand. J'aurais aimé prendre le temps de me regarder plus amplement dans le petit miroir mis à disposition sur chacun des robinets mais parader ainsi à côté de toutes ces femmes en abaya m'a rendu quelque peu inconfortable et je suis vite rentrée dans mon petit cabinet pour essayer ma nouvelle robe Desigual. Les yeux éclairés et le "mashallah" de la femme de ménage ont achevé de me convaincre qu'elle m'allait bien et que l'achat était validé.
Mais le plus amusant reste la remarque de Caro qui après sa séance d'essayage me demande de retourner aux toilettes car dans le sien il n'y avait pas de lieu pour faire ses besoins. Lorsque je lui ai expliqué la notion des toilettes turques et comment les utiliser, je crois que nous avons ri pendant 10 bonnes minutes :-)
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