Les
années ont passé et je reste impactée par le sujet. Les compétences
interculturelles et comment s'adapter à une nouvelle culture reste mon sujet de
prédilection, il semble. Même si l'intelligence émotionnelle est venue
s'insérer dans cette réflexion, rien ne me fait plus vibrer que d'assister à un
débat ou différentes cultures s'expriment sur leur adaptation dans leur nouveau
pays.
C'est
cette formidable expérience que j'ai pu vivre dimanche dernier dans la superbe
maison du non moins célèbre architecte Sami Angawi (cf. un de mes posts précédents
qui rendait compte de ma première visite dans cette magnifique maison). Nous
avons eu le privilège de sa présence un court instant. Cette brève apparition
m'a permis de confirmer la grandeur de cet homme. C’est non seulement un architecte
et philosophe reconnu dans le monde entier mais sa simple prestance vous
illumine d'un seul rayon et il vous irradie instantanément de sa sagesse et sérénité.
Un phénomène inexplicable que je n'ai connu qu'en très rares occasions. Les dernières
personnes qui m'ont fait cet effet étaient Bill Clinton et Margareth Mitchell.
La comparaison aujourd'hui me parait peu appropriée tellement il me semble au-delà
de ces deux personnages publics.
L'évènement
était ouvert et gratuit à tout public. Une vingtaine de nationalités étaient présentes
et incluaient l’Estonie, l’Ethiopie, la France, l’Italie, le Pakistan et les
Etats-Unis sans oublier l’Arabie Saoudite. Vous imaginerez les débats que cette
diversité a générés. Certaines femmes américaines vivaient en Arabie depuis presque
40 ans, leur vision était très intéressante. Musulmanes toutes les deux, elles
ont apporté une vision bien différente de ce pays. L’une d’entre elles
comparait la vie qu’elle avait eue aux Etats-Unis en tant que musulmane, le
racisme et les pressions négatives qu’elle avait reçues alors qu’elle ne
demandait qu’à exercer sa foi en paix. Arrivée en Arabie Saoudite, elle reconnaissait
qu’elle s’était sentie plus libre et respectée que dans son pays d’origine. Une
autre vieille dame reconnaissait et dénonçait les abus des femmes encore
existants dans certaines familles et la non réponse des autorités dans de
telles situations mais admettait qu’elle préférait largement vivre en Arabie
Saoudite qu’aux Etats-Unis. Au cours de toutes ces années, elle avait pu vivre trois
révolutions qui avaient largement contribué au développement du pays : l’apparition
du câble, du téléphone et Internet. Au vu de l’évolution du pays à travers ces
transitions, elle exprimait sa confiance en un avenir positif.
Curieusement,
la personne la moins optimiste de toute la salle était une Saudi dont les
parents étaient d’origine anglaise et italienne. Elle souffrait non seulement des mêmes
maux que nous expatriées (inhibition de notre féminité, perte d’indépendance et
impossibilité de conduire) mais aussi de la victimisation de ses enfants en
terme de harcèlement car leur mère ne suit pas les protocoles locaux et ne se
couvre pas. Je crois qu’elle souffre plus pour cette deuxième situation que pour
la première. Je lui faisais d’ailleurs remarquer (me référant a ma propre expérience)
qu’être trop indépendante comportait aussi ses travers.
Le thème
de l’imposition culturelle par une minorité est également apparue à l’issu du débat.
Conservateurs et libéraux se sont affrontés verbalement l’espace d’un instant pour
ensuite retomber diplomatiquement et laisser place à l’éternel débat de donner la
possibilité des femmes conduire dans le pays. Un thème récurrent des femmes
dans ces instances qui génèrent des soulèvements de sourcils de la part des
hommes, façon « encore ! ».

Mes
nombreuses conversations avec les étudiants montrent leur dévouement à cette
cause et leur volonté de contribuer au changement. Mes esprits révolutionnaires
toujours bien présents, je dois avouer que je les incite fortement à la création
d’entreprise et les supporte dans cette voie. J
Prochaine
excursion culturelle : exposition photo sur le voyage à Makkah en 1905 et une
exposition artistique locale. Qui aurait cru que je pourrais trouver autant de
vie culturelle dans ce désert ?