samedi 7 janvier 2017

Transitions of transnationals

Hier soir je m'étais inscrite pour une conférence "Transitions". Avant de m'y rendre (ou plutôt de commander le taxi) j'avais pour une fois relu la description de l'intervenante. Quel miracle! Le thème relevant des compétences interculturelles et la conférence étant réservée aux femmes, j'étais plutôt optimiste sur l'expérience que j'obtiendrais...

Sauf que le programme fut tout autre. Le sujet était en fait "Transitions for transnationals". Au lieu de deux heures de conférence, nous avons eu droit initialement à un petit quizz totalement orienté "culture générale des femmes américaine". Humm, il y avait plus de 20 nationalités présentes dans la salle, avait-on besoin de rester aussi ethnocentrique? Je n'essaie pas de justifier mon ignorance totale des réponses, je suis une nouvelle fois un peu critique sur certaines façons de penser: bien des femmes dans le monde ont brillé dans l'histoire sans être obligatoirement nées sous le drapeau étoilé! Malgré cette dynamique, toutes ces femmes paraissaient en extase de se retrouver et donnaient l'impression d'être redevenues des petites filles à l'heure du quatre-heure, heureuses de se retrouver au parc loin des regards des mamans. Sauf qu'en l'occurrence c'était loin de leurs maris qu'elles se trouvaient. 

Lorsque la conférencière a débuté son discours, les brouhahas ne se sont pas pour autant interrompus malheureusement et je soupçonne que n'importe quel sujet les aurait motivées à se retrouver dans ce lieu fort sympathique et réservées à elles seules. 
Malgré tout, il a été possible d'aborder certains sujets difficiles et de me confronter à une autre réalité: celle des femmes expatriées mariées à des Saudis qui sont venues s'installer ici après avoir vécu une décennie au moins ensemble dans leur pays d'origine ou dans un autre pays. L'intervenante, mariée à un pilote saoudien, a dû émigrer après le 11 septembre: les événements ayant rendu tout recrutement de son mari impossible aux U.S.. Psychologue, a priori renommée aux U.S., elle avait l'habitude d'intervenir publiquement sur ses sujets d'intérêt et de pratiquer beaucoup de sports. Initialement, elle s'est vu suivre les instructions de son mari: tout ceci appartenait au passé et n'étais plus envisageable dans son nouveau pays. Au-delà de la prise de poids, il a eu le droit à une complète remise en cause de son identité. 
Beaucoup se plaignaient de ne plus savoir comment occuper leur journée, toutes promenade ou courses dans les magasins seule devenant tout de suite un calvaire voir interdit dans certains cas. Une fille plus jeune soulignait qu'elle avait réussi à s'inscrire dans un club de randonnée mixte qui organise également des joggings sur la plage en semaine. Certaines se sont mises immédiatement à rêver mais l'idée de demander la permission à leur mari pour participer à une activité mixte a très rapidement éteint la lumière dans leurs yeux. Il semble néanmoins qu'un nouveau club de gym se soit ouvert pour les femmes, une nouvelle lueur d'espoir pour certaines qui peuvent ainsi se retrouver plus facilement et plus régulièrement tout en évacuant le stress ambiant. 
Une autre personne clamait ne plus avoir de vrai pays d'attache après avoir vécu sur tant de continents. Mais curieusement, elle ne cessait de vanter les mérites de son pays natal, la Norvège, et malgré sa supposée ouverture d'esprit a lâché le commentaire le plus cruel de la soirée sur l'Arabie Saoudite. Car bien sûr, très vite le débat s'est tourné vers les côtés négatifs de notre pays d'accueil, certaines ne supportant pas l'idée de rester dans ce pays un mois de plus, d'autres souhaitant profiter de l'entrée à l'université de leurs enfants pour s'exiler avec eux dans un autre pays...

Ces commentaires acerbes sont-ils réellement liés à la seule difficulté de l'Arabie Saoudite? Je ne pense pas... J'ai rencontré ce même phénomène fréquemment lorsque je me réunissais avec des expatriées en Colombie ou aux U.S. et les étrangers réagissent souvent ainsi vis à vis de la France. La conférencière l'a bien soulignée à la fin: dans ce genre de situation, chacune a tendance à s'oublier en voulant s'intégrer au mieux et finit par accepter ces petites choses insignifiantes initialement mais qui prennent des proportions dramatiques par la suite. KSA, de par ses règles plus spécifiques pour les femmes, semble juste écourter fortement la période "lune de miel" qui généralement correspond au début de toute expérience de mobilité internationale. 

Il est vrai que même si on le souhaitait, on ne saurait trouver toutes les questions nécessaires pour nous aider à peindre la réalité qui nous attend lorsque l'on décide de venir vivre en KSA. Même essayer d'expliquer cette réalité à ceux qui y sont étrangers est difficile. Il y a tant de choses auxquelles on accepte de se soumettre ou que l'on décide de respecter au risque de devenir schizophrénique et qui paraissent si peu cohérentes aux personnes de l'extérieur. 

Mais comme l'a très bien conclu Kim, l'essentiel est de rester True to yourself dans toute cette aventure!   

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