Un voyage auquel je m'étais inscrite sans vraiment penser que j'irai réellement vu que je n'avais pas payé mes dus. Mais deux jours avant le départ, me voici informée que l'on m'attendra à 16 heures pour se rendre à l'aéroport. Oops, il va falloir que je négocie une sortie du bureau plus tôt.
Ces petits détails réglés, me voici en partance pour Al Qasim. "Mais qu'est-ce que tu vas faire là-bas? Il n'y a rien à voir. Ils sont tellement conservateurs là-bas.", me disait-on. Pleine d'insouciance, et sans vraiment connaître le programme, vous connaissez la chanson, je m'embarquais pour cette nouvelle épopée. Les yeux toujours pleins d'étoiles suite à mon excursion à Tabouk, je m'attendais à une tout aussi belle expérience...
Mais...la réalité fut quelque peu différente. Ne vous y trompez pas, j'ai quand même réussi à prendre plus de 200 photos, il ya donc bien des choses intéressantes à voir. Mais... les conditions du voyage m'ont confrontée à une toute autre réalité de la vie dans cette contrée et je suis rentrée les yeux plutôt humides ou du moins gris nuageux.
Il m'est de plus en plus clair que ma relation aux hommes a toujours été quelque peu compliquée. Oui, je sais, j'arrive enfin à l'âge de raison. Mieux vaut tard que jamais! Et j'ajouterais, encore plus lorsqu'ils sont relativement machistes et cherchent à contrôler mes faits et gestes. Sachant cela me direz-vous pourquoi suis-je allée en Colombie et me retrouve maintenant en KSA où cet aspect est encore plus criant. Excellente question, merci de me l'avoir posée!

Mais le plus dur restait à venir... Un petit détour par les festivals où nous étions bien sûr attendus comme personnalités importantes, cameramen et autres personnages des médias à l'appui. Nulle question de s'échapper et d'aller faire le tour des stands en individuel comme j'en avais pris l'habitude auparavant. Vous resterez tous groupés et nous visiterons les stands tous ensembles. Mon esprit rebel s'est enflammé et j'ai profité d'un petit moment d'égarement de nos guides pour m'envoler avec une amie. Bien sûr la négociation des prix est beaucoup plus compliquée lorsqu'aucun des deux camps ne parlent le même langage, mais qu'importe! Au final ce ne sont que des chiffres et même si certaines commerçantes ignoraient notre système, il y avait toujours un ou une passante qui nous aidait dans la traduction. Les femmes, toutes couvertes de leur niqab, nous saluaient, nous souhaitaient la bienvenue et parfois nous demandaient une photo, non sans au préalable s'être regardée pour s'assurer de... je ne sais quoi exactement car seuls leurs yeux apparaissaient. Certaines s'exprimaient parfaitement en anglais, avec d'autres par contre nous nous amusions à interpréter nos langues respectives pour établir un semblant de communication. Le mutawa lui par contre n'a eu aucun problème à se faire comprendre, même s'il ne parlait pas un mot d'anglais, lorsqu'il nous a gentiment engueulé et demandé de nous couvrir le visage (ce que nous n'avons pas fait bien entendu). Des expériences que l'on ne peut vivre si l'on se promène à plusieurs...

Tout ceci cogitait plus ou moins sereinement dans ma petite tête lorsque l'heure du retour a sonné et que je me suis trouvée nez à nez avec l'un de mes étudiants. Il avait étudié 6 ans aux Etats-Unis et est maintenant de retour sur le campus pour le Master. Je n'avais aucune idée qu'il était de cette région. Il me paraissait relativement libéral et avait toujours un mot très sympathique sur ce que je portais ou autre. Le voir entrer dans l'avion, accompagné d'une dame entièrement couverte, m'a soudainement fait un choc. Quelle expérience difficile celle de passer d'un monde aussi conservateur à cette société libérale aux U.S. pour ensuite revenir à ses racines et revivre dans ces conditions. Je n'ai pu m'empêcher de me demander ce qu'il pouvait ressentir et comment il pouvait interagir avec cette vie locale.

Et dire que je pensais avoir souffert lors de mon choc culturel inverse en rentrant en France la première fois. C'était du gâteau en comparaison.
Après avoir dormi de plus longues heures et repris mes esprits, j'ai pu remonter un peu mon humeur et découvrir une toute autre société à Jeddah ce week-end. J'ai eu le sentiment de m'être exilée l'espace de quelques instants grâce à l'expo artistique 2139 dont je vous parlerai dans un prochain poste. En attendant, voici "quelques" photos de ce week-end tumultueux!