Vous découvrez Abha!
Vous avez probablement envie de prononcer le nom de cette ville comme le fameux groupe de Mama Mia, mais non... Il faut absolument prononcer le "H" de haricot et donc faire la scission dans Ab--Ha.
Oui, j'ai continué, le week-end dernier, mes expéditions touristiques dans le sud du KSA. L'expédition s'est révélée un peu plus compliquée car il s'agissait de partir en groupe, avec une dizaine d'amis. Curieusement, il m'est toujours plus facile de partir avec une association d'inconnus qu'un groupe d'amis dont on va découvrir peu à peu les cotés moins sympathiques jusqu'alors soigneusement cachés. Et lorsque l'on décide de s'aventurer avec la communauté de notre petite bulle, évidemment nous avons un cocktail explosif de caractères tous plus forts les uns que les autres, de différentes nationalités. Mais j'avoue que je donne gentiment la palme d'or à notre chère culture franco-française. Qu'est-ce que l'on peut être négatifs et critiques, voire pessimistes!
Mais malgré ces sauts d'humeurs, l'ambiance du week-end est restée très agréable grâce à notre jeune guide local, étudiant en médecine et frère d'un des collègues de Nicolas. Nous avons renoué avec le temps d'automne lors de notre arrivée qui, de fait, a recouvert de ses nuages, la totalité de ce que doit être le magnifique site de Souda en été. Même le téléphérique est arrêté pendant ces mois d'hiver. Mais la rencontre avec les vendeurs de miel et plus tard dans la journée avec les artistes d'Al Meffatah ont ramené du baume au cœur de tout un chacun. Bien sûr, Mélanie a encore une fois craqué pour une de ces belles œuvres. Heureusement que tous ces artistes peignent avec des méditions dignes des maisons saudis et non pas françaises car je serais rentrée ruinée.
Le lendemain lors d'un délicieux brunch sur les hauteurs de Abha, nous avons fait la rencontre d'une charmante jeune saudi dans les toilettes. Elle était dentiste, de Jizaan, toute couverte et travaillait à l'hôpital militaire de Abha. D'une gentillesse et d'une volonté de nous accueillir si généreusement que cela m'a donné envie de passer plus de temps dans ces toilettes à l'avenir. C'est en fait le seul endroit où nous pouvons en effet avoir de vraies échanges avec des femmes car le week-end a une nouvelle fois été peuplé d'hommes sans l'ombre d'une seule femme. Éduquées, parlant parfaitement anglais, elles sont toujours très ouvertes et chaque croisement dans ces lieux insipides est accompagné de magnifiques sourires et sympathiques discussions qui s'arrêtent une fois le pas de cette porte franchi puisque malheureusement mes yeux sont incapables de les reconnaître dans la multitude extérieure.
Talal nous a ensuite sympathiquement conduit dans la maison d'un de ses amis dans le désert. Nous avons par la suite appris que cette charmante journée nous a été permise uniquement parce que Talal appartient à l'une des fameuses tribus locales et qu'il peut en effet accéder à cet endroit. Il semble que les rivalités soient assez fortes dans les parages et que seuls les gens bien accompagnés peuvent en effet s'aventurer dans ces endroits. Well, I am glad d'avoir été aussi bien encadrée car cette journée s'est avérée formidable. La maison est un petit havre de paix, idéale pour installer un nouveau spa avec cours de yoga. oops, pardon, wrong pays pour cela.
Après une invitation qui ne se peut refusée pour un succulent thé, au vu de l'heure de la prière qui arrivait, nous avons décidé de repousser notre départ de 30 minutes et d'aller escalader les rochers aux alentours. Une petite promenade fort sympathique, percevant les cris des chiens errants aux alentours et en suivant parfaitement les recommandations de ne pas dépasser ce gros rocher. Bien, mon capitaine!
Repus de notre petite escapade, nous avons repris le chemin de la petite maison pour nous retrouver accueillis par tous les voisins qui s'étaient soudain rassemblés pour rencontrer ces touristes aventureux. Et comme à l'accoutumé, la bienveillance locale ne nous laissera pas repartir sans nous inviter à partager une délicieuse collation. Tous ces hommes se sont donc organisés en l'espace de quelques minutes. Transportant cocotte minute, théières, et tapis pour nous préparer un succulent pique nique improvisé à l'agneau accompagné bien sûr du célèbre pas de danse saoudien.
Une fin d'après-midi spectaculaire à laquelle il fut difficile de mettre fin pour retourner à l'aéroport.
L'aspect particulièrement compliqué de ce week-end fut de se couvrir la tête. Non pas pour le fait de se couvrir car, au final, ce geste s'il doit me permettre de naviguer en paix dans toutes ces ruelles plutôt que d'attirer toutes les selfies du monde entier par le simple fait d'être blonde, ne me dérange pas outre-mesure. Mais ce P.... de voile ne tient pas en place!!! Même en améliorant notre technique au fil des heures, c'est une incessante préoccupation que de redresser chacun de ces morceaux qui souhaitent s'envoler gracieusement au vent ou ce voile qui glisse joyeusement sur mes cheveux un peu trop fins. J'avais déjà beaucoup de respect pour toutes mes collègues qui se couvrent mais désormais, je leur tire ma révérence. Je ne sais comment elles supportent ce martyre pendant toutes ces heures. J'ai fini par adopter la technique paysanne/berbère même si mon cou était probablement trop évident pour les yeux des plus puritains. Du coup, le stewart en montant dans l'avion m'a félicitée pour ma "gorgeous way" de porter le voile. J'ai été obligée de lui avouer que c'était réellement la seule manière pour moi de le supporter.
Lorsque j'ai partagé mon désespoir avec mon voisin de voyage saudi, il m'a soigneusement proposé de changer la couleur par un voile blanc, plus gai. Euh ce n'est pas tant la couleur amigo, c'est l'insupportable gestion que cela génère réellement, même si la couleur il est vrai n'ajoute rien à la difficulté.
Voyant qu'il était plutôt ouvert et de Jeddah plutôt que d'Abha, je n'ai pas tardé à me libérer de ce fardeau et terminer ce voyage la tête un peu plus légère. :-)
Prochain voyage, Dubai et Al Ain aux Emirats!