vendredi 29 mai 2015

Quand un air de procrastination...

s'abat sur moi...

J'ai eu beau me lever avec un grand nœud à l'estomac et la volonté de récupérer mon retard des 300 mails non lus, la simple idée d'ouvrir mon Mac book ProPro et de constater que ce ne sont plus 300 mais 400 désormais me cloue au lit. Après un long moment de détente matinale et un magnifique petit-déjeuner fruité préparé par mes petites mains, je me suis remise sous la couette et ai terminé mon dernier livre "L'Olympe des infortunes" d'un auteur algérien que je viens de découvrir mais que j'apprécie vraiment beaucoup: Yasmina Khadra.

Découvert lors d'un passage à la FNAC grâce à un conseiller-vente très bon (si si ils existent également à la FNAC) qui semblait étonné par mes choix de livres. Lorsque je lui ai expliqué que je partais en KSA, il a un peu mieux compris et m'a conseillé trois livre de Khadra. J'ai d'abord lu "Les sirènes de Bagdad", un livre divinement écrit et poignant. Mais la semaine dernière lorsque j'ai ouvert la première page de "L'olympe des infortunes", je me suis sentie spontanément transportée dans ce terrains-vagues à partager la vie de ces horrs et surtout envahie par l'élégance des mots. C'était comme si les différents messages adressés à plusieurs reprises par Ach à Junior m'étaient destinés.

Parmi mes préférés: 
"Lorsque la mer est agitée, pour les gens de la ville, il fait mauvais temps; pour un Horr, la mer est en fête. Et pendant que les gens de la ville s'enferment chez eux, nous surplombons la falaise et nous assistons aux noces des flots en nous taisant. Parce que, alors que les gens de la ville n'arrivent pas à fermer l'oeil à cause du courant d'air, un Horr décèle de la musique dans chaque fracas. (...) Le bonheur est de savoir se taire quand les flots s'amusent. Ce qui est mauvais temps pour les autres est fête pour nous. C'est une question de mentalité."

"La vraie liberté est ne rien devoir à personne. La vraie richesse est de ne rien attendre des autres."

"L'argent est la plus vilaine des vacheries. Quand tu le sers, il te dérobe les yeux; et quand il te sert, il te confisque le cœur. Ce que tu gagnes d'une main, tu le gâches de l'autre."

"La gloire n'est que la preuve que nous restons les otages de nos vanités. Nous dévastons les quiétudes en croyant bâtir des légendes. Nous régnons sur les décombres comme des vautours sur les charognes."

"Parce qu'on croit avoir décroché la lune, on veut croquer le soleil aussi, et c'est là que l'on se crame les ailes..."

"La femme est amour. Et l'amour est la plus belle tuile qui puisse tomber sur quelqu'un. Avant l'amour, y a pas grand-chose. Après l'amour, il reste plus rien. L'amour est l'essence de la vie, son sens et son salut. S'il vient vers toi, garde-le et ne le lâche plus. S'il te fuit, cours-lui après. Si tu ne sais pas où le trouver, invente-le. Sans lui, l'existence n'est qu'un gâchis, un passage à vide, une interminable chute libre."

Sur cette belle conclusion, la femme que je suis ferait bien de retourner à ses "fourneaux" au risque de ne pouvoir profiter pleinement d'une séance spa entre filles demain...

samedi 23 mai 2015

Chic le week-end...

 Enfin quelques heures de repos... Jamais les semaines ne m'ont semblé aussi longues. Bon il faut dire que j'ai rarement fait d'aussi longues journées. Oui je sais, c'est dur à croire mais c'est pourtant vrai. Je ne sais pas dans quel monde on vit, où je suis tombée ou si j'attire tout simplement ces situations... Bon, c'est probablement plus la dernière option. Je suppose que je n'ai toujours pas appris à ne pas en faire trop et à ne pas me sentir coupable si je ne fais pas tout à la précision et au meilleur de moi-même sans jamais rien laisser au hasard. Eh bien, si je veux survivre dans ce monde de requins il va falloir que j'apprenne et vite avant de me laisser happer. 

Mais comme je disais précédemment, heureusement il y a les week-ends et les amis qui sont omni-présents et d'une grande aide. Impressionnant, au final les années se suivent et se ressemblent. D'aucun peut vivre dans une grande ville où les activités ne manquent jamais et les rues grouillent de gens et se sentir infiniment seul. Cette même personne peut alors se retrouver dans un lieu totalement isolé et désespérément petit et sans grande animation et ne plus avoir un seul moment à soi, toujours entourée d'amis prêts à l'aider et à organiser d'agréables moments. 

C'est ainsi que le week-end dernier nous avons célébré l'anniversaire de Nicola à Rabig Beach, entourés des dromadaires et des kites surfs, dans une ambiance musicale très agréable à la douce lumière des bougies. Tout à coup KSA ressemble à un petit paradis, loin de tous les problèmes professionnels et le monde semble bien paisible. 



Mais ce charmant conte de fées ne dure que très peu, et le retour à la réalité ne se fait pas attendre. Ce week-end a priori un attentat suicide a eu lieu dans l'est du pays et malheureusement certains membres ou amis de la famille de mes étudiants ont été touchés. Dans notre petite bulle, je pense que je dois être la seule au courant, car bien sûr ici rien ne filtre et comme les médias occidentaux n'en parle pas vraiment c'est un peu complexe de suivre l'actualité.

De fait, notre petite vie est rythmée par les fêtes organisées ici et là et les dîners entre amis. Mardi soir,  j'étais invitée à un girly-dinner. Un vrai festin entre filles, à discuter de sujets typiquement girly et à oublier le mode travail. Samaher est la meilleure cuisinière de notre équipe, elle avait mis les petits plats dans les grands. Impressionnant!

Deux soirées pour danser jusqu'au bout de la nuit m'ont permis de laisser sortir toute mon énergie de ce corps un peu trop stressé et compenser le peu de sport réalisé cette semaine. Malgré tout, la soirée tapas d'hier soir m'a laissé comme un goût d'amertume. A nouveau, les voyages démontrent que l'être humain est partout le même et que les années n'apportent pas que la sagesse. Hier j'ai eu l'impression d'être dans une frat party où chacun cherchait à s'embrumer l'esprit et profitait des effets annexes pour chercher l'âme d'un soir. Curieusement, malgré l'amoncellement des années, mon attitude ne semble pas avoir changé d'un pouce: je me suis contentée de danser et d'éviter ainsi d'éventuelles déconvenues. 

Mais avant cette petite mise en scène, nous sommes parties faire les magasins avec Caro. Toute une expérience interculturelle encore une fois. Vu l'horaire des bus, nous avons décidé de prendre le taxi. Mon objectif le plus important: acheter du shampoing. Comme l'a très bien fait remarquer Caro, se concentrer sur ce seul point, correspondrait au shampoing le plus cher de mon existence. Il fallait donc bien se sacrifier et prendre soin de faire de plus amples emplettes. Comme précisé précédemment, nulle ne peut essayer d'articles dans les magasins. Eh bien, je vous le dis mesdames, c'est beaucoup moins amusant. Devoir réfléchir à trois fois avant de choisir quelque chose, devoir l'acheter et ensuite l'essayer dans les toilettes en prenant soin de le faire avant l'heure de la prière pour ne pas avoir à attendre une demi-heure supplémentaire, cela réclame un grand savoir-faire et une grande connaissance de soi. Car pas le droit à l'erreur sinon vous êtes bonnes pour retourner dans tous les magasins pour un refund ou pour changer de taille. Mais la deuxième solution requiert de retourner dans les toilettes et de retrouver sa voie ensuite rapidement jusqu'au magasin et ainsi de suite. Autant dire que l'on achète deux-trois choses et l'on se dirige vers les toilettes avant qu'il ne soit trop tard, en faisant une petite pause gourmande malgré tout à La Brioche Dorée qui nous transpose l'espace d'un instant dans les rues de Paris avec un délicieux chausson aux pommes. Impressionnant, ce qu'une simple pâtisserie peut faire sur votre système nerveux. 

L'expérience essayage aux toilettes fut tout aussi mémorable. Le premier T-shirt m'allant comme un gant fut plutôt facile à essayer mais le deuxième m'a immédiatement paru trop grand. J'aurais aimé prendre le temps de me regarder plus amplement dans le petit miroir mis à disposition sur chacun des robinets mais parader ainsi à côté de toutes ces femmes en abaya m'a rendu quelque peu inconfortable et je suis vite rentrée dans mon petit cabinet pour essayer ma nouvelle robe Desigual. Les yeux éclairés et le "mashallah" de la femme de ménage ont achevé de me convaincre qu'elle m'allait bien et que l'achat était validé.  
Mais le plus amusant reste la remarque de Caro qui après sa séance d'essayage me demande de retourner aux toilettes car dans le sien il n'y avait pas de lieu pour faire ses besoins. Lorsque je lui ai expliqué la notion des toilettes turques et comment les utiliser, je crois que nous avons ri pendant 10 bonnes minutes :-) 

mardi 12 mai 2015

I am blessed!

Ce week-end a été l'objet de son lot de surprises comme à l'accoutumée mais certaines se sont avérées plus plaisantes que d'autres...

L'équitation jeudi soir s'est transformée en séance de yoga sur le cheval. Intéressant concept qu'il faudrait essayer de breveter et particulièrement important lorsque la chaleur est si intense que même le cheval ne veut plus avancer. De fait, les cours vont moins bien marcher maintenant!

Nous sommes ensuite allés acheter d'excellents plats de poisson à Thuwal mais condamnés à attendre dehors car deux hommes célibataires dînaient à l'intérieur et nous jeunes demoiselles ne pouvions donc entrer en même temps. Souvenez-vous, les seuls endroits mixtes sont les endroits appelés "familles" et ils n'existent pas dans tous les restaurants. Donc si cette salle n'est pas effectivement indiquée, les familles sont invitées à attendre patiemment dehors jusqu'à ce que ces messieurs veuillent bien terminer leur rationnement et se retire du fameux lieu. Las de cette chaleur insoutenable (même à 23 heures), nous avons opté pour le Take-away et sommes allés profiter de la clim chez A&K.

Après un excellent petit déjeuner entre amis, où je me suis essayée aux crêpes au lait d'amandes, j'ai eu la chance samedi soir d'être invitée au concert du groupe fusion dans un nouveau compound. Bêtement, je me suis dit "compound" = communauté internationale => pas de souci je peux m'habiller comme je veux et de toute façon l'abaya cachera le reste sur le chemin. Plop, mauvaise réflexion... Le lieu en effet ressemblait à un hôtel 5 étoiles, avec un endroit qui ressemblait à un bar, qui respirait l'ambiance du bar et qui sentait le bar (ou plutôt la cigarette) mais qui n'était pas un bar... Tout semblait coïncider avec ma théorie, merveilleux ! Jusqu'à ce que l'on se mette à observer de plus près les arrivants: 90 % saudis. Oops!

Heureusement, les jeunes femmes derrière leur voile et Abayas ont rapidement laissé dévoiler leur incroyable beauté. Oui je dis bien incroyable beauté. Elles étaient toutes divinement maquillées, très élégamment habillées - sexy mais pas trop - et extrêmement belles. Impressionnant! 
Passée la surprise, nous sommes entrés dans ce frigidaire qui servait de salle de concert, aux divers sièges rembourrés qui ne donnent pas vraiment envie de s'asseoir ou d'en bouger une fois son petit derrière bien installé. Et moi qui pensais pouvoir me défouler sur des rythmes endiablés... Bon, j'aurais quand même dû me douter : ils ont confisqué nos portables avant de rentrer pour éviter que l'on poste des images ou vidéos du concert sur réseaux. Eh oui, telle est la coutume et chacun la respecte même si curieusement certains petits malins avaient réussi à défier la vigilance. 

Néanmoins, lorsque la musique est devenue plus intense et dynamique, tout en étant gentiment adossées au mur pour pouvoir vibrer sans danser, le corps ne semblait pas connaître la notion du respect de la culture et semblait crier "sors-moi de ce corps immobile". Fort heureusement, une Saudi est venue s'installer à nos côtés et a commencé quelques mouvements de fond. De fait, nous avons commencé à bavarder et elle nous a confirmé que même pour elle c'était difficile de se retenir. h tout à coup on se sent moins seules ! 

Malgré tout, le dernier groupe a réussi à activer le feu et certains ont même commencé à danser sur la piste. Bon ne rêvons pas, seules 6 personnes sur les 200 présentes. Mais comme dit le proverbe "tout vient à point à qui sait attendre". 
Incroyable comme le seul fait de se rendre à un concert génère autant de réflexions culturelles.  
Malheureusement, le week-end a également amené son lot de bad news puisque Temille notre chère Counselor est décédée d'un cancer samedi. Je ne l'ai que très peu connue mais, même en phase terminale, elle était d'un dynamisme, d'un positivisme et d'une générosité... Hier soir nous lui avons rendu hommage et ses amis les plus proches ont pu exprimer leur dernière pensée. Elle avait vraiment réussi à toucher profondément chacune des personnes qu'elle avait rencontrées. On se demande comment, avec un tel cœur, cette maladie a pu immiscer si sournoisement.
Bon voyage señorita!   



samedi 9 mai 2015

Il paraît...


Il paraît que Hollande est venu faire un tour à KSA cette semaine, il paraît que les choses deviennent sérieuses dans le Sud du pays... mais ici la vie suit son bonhomme de chemin, coupée du monde. Je n'ai jamais eu autant de mal à suivre les actualités, heureusement que mon boulot m'oblige à être en contact avec les US et que parfois certaines nouvelles m'arrivent aux oreilles car sinon... Aucune annonce publicitaire de journaux, ni la possibilité d'écouter la radio dans la voiture, et même si j'ai un choix important de chaînes télé, je crois que je ne me pose jamais suffisamment à la maison pour pouvoir réellement regarder quelque chose de sérieux et encore moins pour avoir la chance de tomber pile poil sur les infos. 
D'aucun diront, et alors? car nombreuses sont les personnes qui, ici, ont décidé de vivre en paix, isolées de ces nouvelles négatives et qui s'éloignent des conversations dès que le sujet devient trop sérieux ou pourrait engendrer des discussions politiques. 
Mais je dois avouer que j'ai récupéré mon premier journal papier la semaine dernière et n'ai même pas pris le temps de l'ouvrir. Cette course à l'information ne semble pas fonctionner très bien. 

Mais bon, voilà au lieu de cela, nous avons l'énorme chance de vivre dans notre îlot paradisiaque et de pratiquer tout un tas de choses que beaucoup devraient payer une fortune. De quoi se plaint-on? 

La semaine dernière j'ai eu la chance d'aller visiter plus en détail Al Balad. Ce petit centre historique déjà entre-aperçu il y a peu lors de ma visite artistique avec Saleh. Cette fois nous avions pour guide Adbdullah, l'ami de Juan. Vraiment très agréable de parcourir toutes ces rues pittoresques accompagnée de quelqu'un qui les connaît par cœur. En plus, il avait eu l'occasion pendant ses études d'architecture de faire des sondages et des propositions dans tous ces quartiers. Incroyable, comme même en plein samedi soir cette ville grouille de vie et d'ambiance agréable sans la moindre notion d'insécurité ni même de regards malveillants. 
Même si hier j'ai appris qu'il valait mieux que je prenne l'habitude de sortir avec le voile dans mon sac, car dans certains mall, une amie s'est faite arrêtée par la police religieuse deux fois et ils lui ont demandé de se couvrir. Bon ceci dit, elle était avec son copain, qui lui est marocain, et cela peut avoir entraîné quelques attentions. Tout comme ce jeudi soir où il s'est fait arrêter au check-point pour voyager avec deux européennes qui n'avaient pas de liens directs avec lui et n'étaient pas voilées. Le pire c'est qu'au retour nous étions trois blondes avec lui dans la voiture, il n'en menait pas large en passant ! Mais bon nous avons fait l'effort de mettre nos abayas pour passer le check point et Amandine a gentiment accepté de se couvrir la tête le temps du passage. Elle maîtrise parfaitement la technique pour se couvrir, impressionnant et dieu sait que ce n'est pas simple!

Le week-end ici est donc vendredi et samedi et malheureusement le vendredi correspond à notre dimanche, du coup impossible de faire quoi que ce soit le vendredi (ou du moins pas avant 17h) et tout se réalise le samedi alors que le lendemain il faut reprendre le boulot déjà :-( Retour à la maison après un excellent après-midi à flâner en bus et arrivée dans notre bubulle à 22h30. Dur dur le réveil le lendemain! 

D'un autre côté, vu que l'été montre doucement son nez, j'avoue que sortir avant 17 heures désormais devient une problématique importante à gérer si l'on songe à faire une activité en plein air... Pousser sa bicyclette jusqu'à la salle de sport la plus proche passe encore, mais marcher pendant plus de 10 minutes dans les rues désertes de notre campus, nope. Déjà mes lunettes s'embuent rapidement lorsque je sors de notre bâtiment et je reste aveugle pendant plusieurs minutes avant de recouvrir un semblant de ligne de mire. Désormais, lorsque l'on rentre dans la maison climatisée à 23°C, les trois premières minutes je suis gelée. 

Ils m'avaient prévenue l'été sera dur...