lundi 29 juin 2015

La vie au temps du ramadan...

Il paraît que nous sommes à la moitié de la période de Ramadan... humm c'est plutôt une bonne nouvelle, cela signifie que je n'ai pas trop mal supporté l'absence de fluides et alimentation en dehors des repas. Le deuxième aspect étant plutôt positif pour notre silhouette, le premier par contre est plus compliqué à gérer et mes lèvres commencent à ne pas trop apprécier la sécheresse imposée. Heureusement, les toilettes et le diner nous permettent quelques écarts et rafraîchissement à l'écart des regards.  

Le rythme de nos collègues est lui beaucoup plus compliqué et leurs horaires de travail en sont écourtées de quelques heures. Le rituel commence pour eux avec le coucher de soleil par Iftar Dinner qui représente en fait leur breakfast. Ils essaient de manger léger pour ensuite dîner correctement aux alentours de 23h-minuit et prendre le Sohour à 3 heures du matin. Mais bon, en réalité Iftar se transforme facilement en un buffet énorme de gourmandises toutes plus délicieuses les unes que les autres qui finissent par remplir un peu trop fortement l'estomac et faire oublier les déboires du fasting de la journée. Par contre, ne chercher pas la diversité. J'ai assisté à trois différents Iftar so far et chacun d'entre eux m'a plus ou moins proposé le même style de nourriture avec la même décoration. 

Si jamais vous êtes sur la route juste au moment où vous devriez breaking the fast, certaines familles se mobilisent pour vous fournir des bouteilles d'eau et quelques aliments. Leurs bonnes grâces du ramadan. 
Une fois le soleil couché chacun reprend ses habitudes passées et se remet à vivre comme à son habitude avec ses vices et ses vertus. 

Cette période fut également extrêmement intéressante puisque nombre de mes étudiants sont actuellement sur le campus. Un plaisir de pouvoir associer un visage à tous ces noms qui peuplaient mon excell sheet jusqu'à présent. 

Une conversation avec l'une de mes étudiantes m'a particulièrement émue. G. est studieuse, intelligente et très mure pour son âge. Elle est venue me rencontrer initialement car elle était inquiète de ne pouvoir se lever le matin pour aller en cours. Vu tout ce qu'elle s'est infligé pendant ces trois dernières années, nombre d'entre nous seraient moralement fatigués à beaucoup moins que cela. Sans parler de la pression morale que lui inflige sa maman: perfection et excellence académique sont de rigueur. Résultat, G. s'est mis dans la tête d'être la première étudiante du programme à intégrer MIT. Je n'ai pu m'empêcher de lui donner de l'élan et de croire en elle. J'espère juste qu'elle s'accordera des moments de répit et ne cherchera pas l'excellence à tout prix. Mais la partie la plus intéressante reste cette conversation plus personnelle que nous avons eue...

G. m'a tout simplement avoué son rêve le plus fou... et interdit selon elle :-( Elle est originaire de la province de l'Est, fait partie du groupe minoritaire et vient de la ville qui malheureusement a subi les récents attentats, ce qui l'a beaucoup bouleversée. Son rêve le plus fou donc... est de pouvoir danser toute la nuit et pouvoir rire ouvertement. En effet, la seule possibilité pour elle, jeune fille extrovertie, dynamique et probablement très belle, de pouvoir danser est d'inviter des amies - aucun ami - et de danser en un lieu fermé à l'abri des regards inconnus ou masculins. 
De la même façon, une jeune fille est supposée avoir une tenue rangée et ne pas attirer l'attention, par conséquent ne peut rire à voix haute. Un simple sourire suffira à exprimer son humeur allègre. De la même façon, curieusement quand arriva le moment de se séparer de ses compagnons de classe, elle ne put leur exprimer son affection ni même leur signifier son au-revoir. Elle m'a demandé de le faire pour elle. Et comble de la situation, en raison de certaines annulations de dernière minute, elle s'est retrouvée seule étudiante du groupe. De fait, elle ne pouvait participer aux événements nocturnes avec les autres. 
Définitivement, la vie prend une toute autre dimension lorsqu'on l'observe selon ce nouvel angle. Ma vie est belle! 

Ramadan Kareem...     

lundi 22 juin 2015

Première sortie du kingdom...

Non sans une certaine inquiétude que ce voyage ne soit annulé pour une quelconque lubie de la jefa, j'ai pris l'avion jeudi après-midi direction Dubaï.

Accompagnée de Juan et Carolina, j'ai gentiment accepté le rôle de la seconde épouse dans l'aéroport de Jeddah. Mais dès les premiers pas franchis à l'aéroport de Dubaï, un air de liberté s'est emparé de nos corps (de Caro et du mien). Quitter l'abaya, observer ces femmes libres de leurs tenues vestimentaires et de leur mouvement, d'un seul coup un poids invisible s'est envolé de nos épaules.

Heureusement que j'ai eu cette opportunité de sortie avant mon prochain retour en France car sinon je risquais d'inquiéter mon entourage...

Le simple fait de rencontrer ces femmes en petite tenue, de pouvoir entrer dans un bar, écouter de la musique dans le taxi, se perdre dans les salons d'essayage, ne pas avoir à se préoccuper de l'heure des prières en faisant les magasins... A Dubaï, l'heure de la prière est annoncée par les chants mais les magasins restent ouverts. Quel soulagement tout à coup!
Avoir le plaisir de dîner dans des restaurants dont tu ne connais pas par cœur le menu et avec un petit verre de vin rouge... Je disais juste avant de partir que l'absence d'alcool ne me posait aucun problème mais je dois admettre que le fait de le retrouver l'espace d'un week-end fut néanmoins très agréable! 

Jeudi était également le premier jour du ramadan. Ne pas pouvoir boire d'eau au bureau ou seulement en se cachant et ne devoir en aucun cas toucher une personne de sexe opposé annonce un mois particulièrement challenging à venir. 

A Dubaï, l exercice fut quelque peu périlleux également. Contrairement au KSA, les restaurants restent ouverts mais ne servent que du take-away et la police contrôle activement pour éviter que quiconque n'enfreigne la loi et décide de manger caché. Résultat: deux petits-déjeuners pris sur le balcon de la chambre d'hôtel dans des semblants d'assiette. Mais cet aspect n'est qu'une plaisanterie comparée aux conditions dans lesquelles on se positionne si l'on ne prend pas soin de bien gérer sa journée. 

Une fois hors de l'hôtel, même si le climat affiche 35 degrés et un taux d'humidité élevé, il est hors de question d'oser s'abreuver d'une bouteille d'eau en public. Oops, ce réflexe n est pas encore très intégré dans mon cerveau et j'ai malencontreusement succombé à la tentation sur la plage samedi matin... Ceci dit tous les musulmans restent gentiment à l intérieur de leur maison pendant la journée et ne ressortent qu'après le coucher du soleil, ils ne risquent donc pas d'être très offensés par ce geste. Mais bon, soit, il est important de respecter la culture de son pays d'accueil.
La gestion de l'alimentation est une autre chose difficile à gérer si vous n'avez pas de pied à terre. Aller visiter les souks en plein après-midi le ventre creux et la bouche sèche sans aucune possibilité de se rassasier n'a rien de très agréable et de fait nous avons pris la direction de l'aéroport  pour pouvoir bénéficier des seuls restaurants ouverts.

Le retour en KSA a été plus facile que prévu, même si tardif. Une petite escale à Riyadh m'a permis de découvrir un aéroport plein de modernité et pour le moins ouvert culturellement. Au moins à l'intérieur nous n'avons pas eu besoin de porter le nijab. J'aurais été bien incapable de le mettre correctement ceci dit en passant. Je vais définitivement devoir faire un effort sur ce sujet.

Ramadan se fait désormais sentir profondément sur le campus: dans les aspects positifs je note un grand silence dans le bureau puisque lundi quasiment tous les musulmans étaient absents et lorsqu'ils sont présents ils ont la possibilité de bénéficier des nouveaux horaires (8-2pm), la piscine ouverte jusqu'à 11.30 pm et des allées vides à Tamimi pendant les horaires de fasting. Les points négatifs? Aucun restaurant ouvert pendant la journée, pas de possibilité de boire de café ou d'eau en public, déjeuner à l'intérieur du self et pas en terrasse et pas le droit aux abrazos avec le sexe opposé sans parler de la mobilité et dynamique réduite de tous nos amis.

Et nous n'en sommes qu'au début encore... Voyons voir ce que cela va donner dans quelques jours.



samedi 13 juin 2015

Let us know...

we can help you! furent les derniers mots prononcés par le gars de la maintenance de mon AC aujourd'hui. J'étais tellement contente de la facilité avec laquelle les gars viennent réparer les fuites et les problèmes de AC... Je vais peut-être revoir ma copie désormais.

Ils sont déjà venus trois fois ce mois-ci et aujourd'hui j'ai eu le droit aux questions habituelles: elle est où votre famille? Bien sûr quand j'ai dit que ma famille, c'est à dire parents et frère vivaient en France, la question habituelle est apparue: "et ton mari, tes enfants?"
Moi: Pas de mari, pas d'enfants....
Lui: Ah mais pourquoi?
Quand j'ai bien sûr répondu ma réplique naturelle: "il faut un homme pour faire des enfants et vu mon âge..."
Lui: "mais vous avez quel âge? ce n'est pas si vieux"
pour finalement terminer en disant "non, mais c'est toujours possible. La prochaine fois que l'on vient, faites le nous savoir et on peut vous aider!"

Oops, bon eh bien la prochaine fois il serait bon que j'ai un homme dans la maison lorsqu'ils doivent venir. Le pays n'a donc pas d'importance, les mentalités restent identiques et les conversations continuent de tourner autour du même sujet. Les taxistas colombiens se sont donc transformés en gentils hommes de maintenance pakistanais.

Dans la liste des événements interculturels du week-end, nous avons découvert le caractère particulièrement ségrégationniste de cette terre d'accueil. Prêts à célébrer dignement l'anniversaire de A., nous avions décidé d'aller dans un resort près de Jeddah et de profiter de cette plage privée pour aller faire un peu de snorkeling. Lieu très fréquenté par nos collègues du campus, nous n'avions aucun doute sur notre possibilité d'entrer et de profiter ainsi pleinement d'une journée en dehors de nos grilles, au soleil et dans cet aquarium géant appelé "Mer Rouge".
Après avoir quelque peu sillonné toute la côte très chic de Jeddah, nous avons enfin pu quitter l'air agréable de la voiture pour nous vêtir de nos charmantes abayas dans la fournaise ambiante désertique. Au portail, nous passons facilement en montrant nos iqamas. Facilement? Enfin presque puisque K. d'origine marocaine mais français se fait interpeler et a un peu plus de difficultés à passer. Son iqama est en ordre néanmoins et il est clairement indiqué qu'il est français. Nous rigolons bêtement de sa facile ressemblance aux Saudis - qui eux ne sont malheureusement pas acceptés dans ce style de resort - et passons à a réception.

Qu'elle n'est pas notre surprise lorsque le manager nous annonce froidement et méchamment qu'il n'est pas possible d'entrer à moins d'acheter minimum 10 entrées. Nous sommes 6 et pourrions donc facilement faire l'effort mais il devient très rapidement évident que même en gérant ce souci financier, notre cher ami K. ne semble pas le bienvenu. Quelle surprise pour nous, qu'une telle décision puisse être prise, juste parce qu'une personne semble un peu trop arabe... Surprise pour nous mais malheureusement un peu trop commune pour K. dans ce pays. Triste non? Et au final, à nouveau nous passons d'une bulle à une autre dans des mondes totalement hermétiques et représentés uniquement par une classe blanche. Pauvre K. en France il est arabe, au Maroc il est trop français et sur cette terre il est arabe, indien et surtout trop coloré pour être honnête. C'est pourtant l'un des amis les plus intelligents que j'ai pu rencontrer ici, d'une gentillesse et générosité impressionnante. :-(

Nous avons donc terminé au Sheraton qui lui nous a ouvert ses portes et son aquarium naturel géant. Imaginez, vous sautez dans l'eau et en deux secondes vous vous retrouvez face à des petits et gros poissons pour lesquels il faudrait normalement aller plonger des heures dans d'autres pays...

Quelques photos en exclusivité :-)







 


  

I had not realized...

 That it had been so long since the last time I wrote... Time flies once again! and as I tried to even remember what I did last week-end, my memory just went empty. So many things going on in such a small and closed place that it seems unbelievable.

Three weeks ago, Caro and I gave in in accepting S.' invitation to go to the Spa. As usual, S. would accompany us but not participate in anything... Now, at least, I know that it's not only with me! She should actually take a commission in all the salons in town, she would earn as much as her salary probably! The spa turned out to be a hairdresser appointment in fact, and since Caro and I did not have any intention to cut or color our hair, we nicely oriented ourselves towards the Moroccan bath so as to eliminate all this dirty skin that the heat seems to accumulate so nicely. The woman brushed us so well and so hard that it almost felt like a massage. Except that once again the language generated some heavy misunderstanding and faux-pas. Curiously, it seems easier to speak French than English in these salons. That's always nice for me and it certainly feels comforting.

To close the afternoon, we decided to go for dinner - even though it was Saturday and we should go to work the day after - :-( I was excited by the idea of discovering a new place but... we ended up at Noosh Lounge once again, it seems the fashion place lately. We spent a nice evening though, drinking soft-cocktails, not so good but well for a minute you had the feeling to drink a proper Pinacolada, although very early on you realized that it had nothing but the name, and looking at S. Saudi friends taking thousands of selfies and listen to N who was getting worried about getting home after dying her hair.
We thought at that time that she was exaggerating as she looked fabulous with her new hair color and so much happier. Unfortunately, in the Indian culture, losing your dark hair color is not well seen and she got into big problems once back home. So big that she didn't come to work the day after and when she reappeared, all the nice hairdresser's work had disappeared. :-( and we never heard the mom's perspective on the changes, luckily skype might not have detected the colors well.

Definitely, my life as a single woman is good... can't complain!