

Et j'ai finalement terminé le voyage avec "Tout pour être heureux", un film poignant, triste et réaliste sur le métier de l'intermittent du spectacle, la vie de couple ou plutôt "comment passer à coté de sa vie de couple et ne s'en apercevoir que lorsqu'il est trop tard!" Pour une fois, j'aurais aimé un happy ending mais non. Un film excellemment tourné qui m'a hantée jusqu'à ce que je puisse voir la fin à la maison. J'aurais presque voulu que l'avion reprenne son envol pour pouvoir le terminer sans souci. :-)

Ces nombreuses heures de cinématographie ne m'ont par contre pas permis de me reposer après cette semaine marathon à Atlanta. Enfin, je devrais plutôt dire à l'hôtel car d'Atlanta je n'ai pris que quelques photos depuis ma chambre et ne suis sortie qu'une seule fois pour aller dîner le premier soir.
Qu'ai-je fait de mes journées? J'ai préparé cet événement où se réunissaient quasiment 500 étudiants pendant trois jours. Avec la conférence a débuté ma série d'entretiens individuels avec les étudiants qui bien souvent étaient dans des situations difficiles. J'avoue que je suis contente d'avoir terminer ma formation depuis quelques mois et d'avoir pu mettre à profit certains de mes enseignements. Je lisais il y a peu que les étudiants aux U.S. souffrent de plus en plus de dépression et éprouvent beaucoup plus de difficultés psychologiques que les générations précédentes. Honnêtement, nul besoin de faire de longues recherches scientifiques. Je me suis entretenue avec 35 étudiants pendant trois jours et je dirais que 75% ont été diagnostiqués dépressif, souffrant de ADHD ou de bipolarité.

Tout le week-end, je n'ai fait que poser les mêmes questions: "qu'est-ce qui se passe? pourquoi as-tu de tels résultats?" et les réponses étaient toutes plus ou moins identiques "Je ne sais pas, je n'y arrive plus, j'avais l'habitude d'avoir d'excellentes notes et je suis devenu un bon à rien, je n'arrive plus à me lever." Ils n'arrêtent pas de ruminer, de se comparer aux autres qui selon eux réussissent si bien, mentent à leurs parents ou se replient dans leur caverne sans oser avouer à qui que ce soit qu'ils ont des difficultés, ils ne crient pas à l'aide, certains - même si peu nombreux - s'envolent vers un espace de liberté et célèbrent leur jeunesse un peu trop largement. Mais lorsqu'on les invite à regarder un peu plus ouvertement ce qu'ils ressentent, à analyser les différents schémas qu'ils reproduisent et qu'on leur propose un plan d'actions concret pour remédier à cet état dans les prochaines semaines, leurs yeux recommencent à s'illuminer d'une lueur d'espoir. Bien sûr, il est trop tôt pour crier victoire mais un petit pas a été fait dans la bonne direction.
Une question semblait rendre muets tous les étudiants "et pourquoi tu étudies ce programme, que veux-tu faire après avoir obtenu ce diplôme?" et m'a ramenée plusieurs années en arrière. Comme les étudiants d'école d'ingénieurs françaises, ces étudiants saoudiens ont étudié dur pour pouvoir obtenir notre bourse et sortir de KSA, ils ont poursuivi leurs efforts pendant l'année de préparation à l'université pour accéder à la meilleure université de leur choix mais... malheureusement une fois acceptés, ils ne savent plus vraiment pourquoi ils sont arrivés à ce niveau et se lever le matin devient un véritable calvaire. Il semble qu'un premier choc puisse se produire en Freshman year et pour ceux qui en ont été exemptés, il arrive en Junior Year, année où l'étudiant commence à réellement étudier les cours importants de sa carrière et à voir ses années étudiants se terminer...
Tant de choses gravitent dans mon esprit pour les aider mais la structure actuelle ne laisse que très peu de champ libre malheureusement...