Après une matinée bien agitée, j'ai enfin pu récupérer mon Iqama (carte de résidente du KSA). Toute contente, je la glisse dans mon passeport et rentre sur mon petit nuage au bureau. Iqama veut dire ouverture d'un compte en banque possible et envoie de mes cartons depuis la Colombie initié. Toute à ma joie, je décide de regarder de plus près ce nouvel objet qui ne doit plus me quitter. Et là, l'horreur prend toute sa proportion la plus extrême. La photo utilisée pour cette carte qui me suivra dans les moindres pas, minutes et secondes, est tout simplement celle prise à l'aéroport à mon arrivée, c'est à dire après 10 heures de voyage. Vous imaginez la beauté du portrait robot!
Puisque j'étais dans mes démarches administratives, je me suis enfin motivée à aller réclamer un cash advance pour pouvoir m'installer un peu plus sympathiquement dans cette grande maison. J'ai ainsi rencontré une personne admirable, saudi, qui a clairement envie de contribuer au développement social de son pays et d'aider les femmes en particulier à se profiler un meilleur horizon. Malheureusement, ce parcours du combattant engendre souvent de violentes disputes et une certaine révocation de la famille de la part du père. Cette simple revendication et sa volonté d'échapper à cet étau familial m'a subjuguée. Elle fait actuellement un MBA et je prédis déjà qu'elle saura développer un projet de grande envergure pour ces jeunes filles qu'elle voudrait tant aider.
Seul petit souci, je ne comprenais pas pourquoi mon Abaya, une fois vêtue, laissait entrevoir une grosse partie de mon cou. Bizarre, mais Juan ne semblait pas trop se préoccuper et me tranquillisait. Et bien sûr, c'est une fois arrivée à la porte du restau, que j'ai compris que je n'avais pas bien ajusté les boutons... Bref, grâce à mon sac, car hors de question de l'ouvrir à nouveau et la remettre, j'ai réussi à rétablir tant bien que mal la situation mais suis restée dans une posture plutôt inconfortable tout ce temps. Heureusement, le repas se résumait en un shawarma (sorte de petit sandwich) excellent et d'un délicieux jus de mangue. C'est officiel, je suis en manque de fruits!!!
Malgré le peu de temps que je suis restée j'avoue que j'ai retrouvé cette sensation de "qu'ai-je le droit de faire, comment est-ce que je me comporte, pourquoi ils me regardent ainsi?" et lorsque Juan est rentré à nouveau dans le restau pour régler quelque chose me laissant sur le trottoir, humm j'ai fait ni une ni deux et suis rentrée à nouveau également. Cette sensation peu agréable me perturbait de plus en plus et ces regards continuaient à me scruter. Définitivement, la prochaine fois je me couvre la tête aussi non pas par croyance religieuse mais plutôt pour pouvoir être tranquille dans la rue.
Une connaissance, lors du BBQ auquel nous nous sommes retrouvés invités par la suite, me faisait remarquer de prendre ce voile non pas comme une obligation mais plutôt comme quelque chose qui finira par me donner plus de liberté car au final si j'arrive à me fondre un peu plus dans la foule, je suis plus tranquille, je peux accéder et observer plus de choses. Lui, au contraire, avec sa bonne tête d'européen disait qu'il était particulièrement mal à l'aise lorsqu'il sortait car ne pouvait regarder nul part, devait faire attention à ne jamais regarder les femmes, bref que partout où il allait il restait un étranger évident. Bon ceci dit je doute de réussir à passer totalement inaperçue mais bon quand même un peu plus.
Le BBQ donc me direz-vous... Bon après ce shawarma, j'y allais plus pour socialiser que pour manger et ce que j'ai découvert m'a impressionnée. J'avais entendu dire que les règles en matière de cette substance qui nous rend tous si gais lors des moments entre amis se trouvaient parfois mises à mal par le biais de certains artisans chimistes ou commerces parallèles. L'artisan chimiste m'avait particulièrement interpelée, et je pensais que cela ne représentait que quelques exceptions, mais non... ces mélanges créatifs finissent même par se rapprocher fortement de la réalité avec modération!
Conclusion, une soirée en musique, toute en surprises avec des conversations qui vous font sentir enfin normale de vivre cette vie internationale qui, au final, n'est pas aussi grande que cela comparée à ce que d'autres ont pu vivre... ce qui génère encore une fois des discussions qui pourraient durer jusqu'à l'aube sans aucun souci. L'absence de normes fait, de plus, que chacun peut être et dire ce qu'il veut...
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