mercredi 14 décembre 2016

Les pieds dans l'eau


Il y a quelques semaines, le campus a changé d’allure, l’espace d’une nuit. Les 400 coups – de tonnerre – ont éclaté vers trois heures du matin et la pluie n’a cessé de tambouriner légèrement les fenêtres. Je n’ai pas ferme un œil de toute la nuit…

Non, ne vous méprenez pas. Après les orages de Medellin et l’écho que la foudre pouvait trouver dans les montagnes, cette petite tourmente ne faisait pas si peur en soit. Non ce qui m’a terrifiée pendant toute la nuit c’est plutôt l’impact qu’une réunion à laquelle j’avais assisté pour travailler sur le plan d’urgence à mettre en place en cas de catastrophe ! Toutes les questions que je posais paraissaient tellement nouvelles pour eux que j’ai eu envie de prendre le premier avion pour Tombouctou plutôt que de rester ici à attendre une solution à moyen terme.

En effet, j’avais toujours pense que si l’eau monte, pas de souci ! J’ai deux étages J Sauf que… Les toits sont plats ici et les constructions comment dire… Oui, tout peut arriver ! Au vu des dégâts qu’avaient fait quelques gouttes d’eau l’année dernière sur Jeddah, je m’imaginais déjà le pire.

Mais à ma plus belle surprise mon appartement est complètement sain et contrairement à certains de mes amis je n’ai pas eu à affronter de pédiluves en bas de mon escalier ni à sortir en kayak. La plage est restée fermée une bonne partie de la journée mais l’équipe de choc avait tout réparé des 14 heures pour nous permettre de profiter du vent sans que l’on puisse se rendre compte de la tourmente qui venait de s’abattre sur la plupart du matériel !

Impressionnant comme toutes les personnes les moins visibles dans cet environnement travaillent dur pour rendre invisible les moindres petits traumas de la vie quotidienne…  








vendredi 2 décembre 2016

Forget about USA go to KSA...


Comme à mon habitude, je n’ai pas réfléchi plus de deux minutes avant de m’enregistrer pour ce voyage à Tabuk. Je savais vaguement que ce « village » était situé au Nord du royaume et qu’il pouvait neiger sur les sommets. Vu la température ambiante du moment, il ne risquait pas de faire si froid.
Quelques heures avant de partir, une petite vidéo nous est partagée, bien sûr je n’ai pas vraiment eu envie de prendre le temps de la regarder. Bien ou mal m’en a pris… Elle montrait de beaux sommets enneigés du matin même et une température très lointaine de notre été indien. Mon intuition m’avait malgré tout ordonné d’ajouter quelques pulls dans ma valise. Bien m’en a pris car notre premier arrêt n’était pas seulement froid mais terriblement venteux. Grâce aux manteaux gentiment prêtés par les bédouins, nous avons pu admirer la beauté du paysage bien emmitouflés.
En lieu et place d’un village, je suis arrivée dans une ville de trois millions d’habitants située dans un environnement digne de l’Utah et de l’Arizona. Chaque minute, chaque kilomètre changeait de paysage, de couleurs et des centaines de photos auraient pu être prises en l’espace de trente minutes. Ce seul week-end a augmenté ma bibliothèque numérique de 650 images. La sélection a été difficile mais reste compilée dans le lien suivant : https://goo.gl/photos/WcGYzzYZEZejWyKPA

La Dessa Valley nous a surpris pour le déjeuner par ses couleurs rouges, son sable jaune et ses rochers aux formes magiques qui semblent changer d’apparence avec l’évolution du soleil. Dans ce simple petit endroit, je pense que j’aurais été capable de prendre 400 photos en l’espace de deux heures.                                          Mais quelle ne fut pas notre surprise lorsqu’après cette petite pause, nous avons traversé un petit Wadi plein d’eau présentant une végétation abondante, plus proche des rizières asiatiques que du désert arabe.                                                                                 Après un petit parcours extraordinaire dans cette verdure, nous avons terminé cette belle journée avec un magnifique coucher de soleil sur un ravin digne d’un mini-Grand Canyon.
Après une courte nuit de sommeil, nous avons repris la route magique : dune rouge et rochers qui nous ouvrent le chemin sur la « Loze Mountain ». Cette montagne serait apparemment le lieu où Moise a reçu son appel. Ce qui me rappelle, ne voyez aucune coïncidence dans ces deux termes similaires, qu’il va falloir que je recherche mes livres de catéchisme. Je suis tellement perdue dans tout ce domaine, c’est une catastrophe. J’ai toujours cru que
toutes les religions étaient différentes mais finalement tout le monde partage la même histoire a la base, les interprétations semblent par contre avoir dévié en fonction des interprètes, c’est-à-dire des cultures et des langues. Alors pourquoi tant de haine, si tout le monde vient du même lieu initialement ? Un peu de compétences interculturelles et on repart pour un monde meilleur,
non ? oups, je m’égare !

De Loze Mountain nous sommes redescendus aux tombeaux des dieux. Maden Saib, un petit Maden Saleh et surtout un minuscule Petra. Nous nous trouvions à quelques kilomètres de la frontière jordanienne seulement et avons ainsi pu découvrir qu’une partie de KSA a été négociée dans les années 60 pour devenir territoire
jordanien. Il n’est donc pas surprenant de retrouver des patrimoines similaires dans ces deux pays. Un de mes étudiants m’a d’ailleurs confirme que les habitants d’Aqaba (sud de la Jordanie) ont des traits beaucoup plus Saoudiens que Jordaniens.

Puis, nous avons découvert Magna et sa gorge de plus de cinq kilomètres. Le temps nous a manqué pour cette longue randonnée mais nous avons quand même pu admirer la beauté de ce lieu, qui rappelle vraiment les Gorges de Crète mais en mieux puisque qu’elles ne sont pas payantes et vides de touristes. Là aussi Moise a eu un rôle à jouer, mais lequel… désolée, je dois reconnaitre mon ignorance dans ce domaine et n’avoir pas suffisamment prêté attention aux informations données par le guide à ce moment précis. Peut-être plus attiré à observer ici et là quelques hommes Saudis qui se reposaient, déjeunaient ou jouaient aux cartes nous réprimandant parfois d’arpenter ce lieu sans notre époux (et sans abaya, laissée dans la voiture) ; mais la plupart du temps heureux de nous accueillir sur ce territoire.

Le retour sur Jeddah fut pénible : devoir d’abord quitter un si beau lieu et ensuite être tout simplement oubliés par notre superbe service de bus à l’aéroport à l’heure promise, soit 1h30. Résultat, retour à la maison à 4h30 pour reprendre le travail de bonne heure et de bonne humeur à 8 h… Dur dur mais les merveilles du week-end valaient néanmoins cette petite difficulté du retour. Et puis, les vacances approchent !

lundi 21 novembre 2016

Vous êtes les lumières du monde…


Non, ma nouvelle bougie ne m’a pas fait perdre la tête, surtout que de toute façon la fête sera très sobre aucune escapade n’étant possible aujourd’hui.

Lors de mon récent voyage en France, je suis tombée nez à nez avec le dernier roman de Laurent Gounelle « Et tu trouveras le trésor qui dort en toi ». Ayant eu l’opportunité de lire et d’apprécier bon nombre de ses ouvrages, je me suis empressée de lire le résumé avec l’espoir de ne pas succomber à l’achat. Peine perdue : ce roman semblait évoquer toutes les questions métaphysiques qui m’animaient, de cet horrible ego qui semble sans cesse nous narguer, a la place des religions dans notre société et leur relation entre elles en passant par la spiritualité.
Ce nouveau livre de Gounelle m’a rappelé « 40 rules of love » qui m’avait tant impactée sur le sufisme et Rumi (cf. post précédent sur ce sujet). Mais cette fois c’est la religion catholique que l’on analyse. Fiction ou réalité, tous les points soulevés dans ce roman m’ont donné envie d’approfondir le sujet plus amplement et d’aller découvrir l’évangile de  Saint Thomas, de poursuivre mes conversations avec mon collègue Mormon et approfondir mes réflexions et actions pour que mon ego finisse enfin par me laisser vivre ma vie sereinement.
Très bien écrit, facile à lire comme à son habitude, j’ai eu la sensation que Gounelle voulait faire passer des messages issus d’une recherche personnelle relativement profonde de manière simple à la société. Simple petit bémol, j’aurais aimé qu’il profite du contrat que le personnage principal avait signé avec les Qataris pour qu’il puisse aborder la comparaison avec l’islam également. Mais ce sera peut-être l’objet de son prochain livre, qui sait ?

samedi 19 novembre 2016

No more plastic!


Pour me changer un peu des réflexions métaphysiques qui semblent m’animer ces derniers temps, j’ai décidé de me rendre utile et de proposer mes services volontairement. J’avoue que je me suis portée volontaire un peu à la hâte sans vraiment me rendre compte des conditions infligées. Un jour, j’apprendrai à tourner ma langue trois fois avant de parler et à poser les bonnes questions avant de m’engager. Bref, me voici embarquée pour le nettoyage de la plage.

 
 
SR : Départ à 7h30 samedi.
Melb dans ses pensées : Ouch et mon week-end alors ?
Melb tout haut : Euh je peux vous rejoindre en vélo un peu plus tard ?
SR : Cela va être dur d’arriver à Thuwal à vélo…
Melb : ahhh ce n’est pas notre plage, et cela veut dire Abaya et tout et tout ?
SR : Yes indeed
Melb : Oh well… Je me suis engagée, ce sera une expérience nouvelle !

Apres m’être retournée 10000 fois dans mon lit, j’ai réussi à arriver à l’heure au rendez-vous. Même si avouons-le, en KSA il n’est pas trop difficile d’arriver à l’heure puisque généralement en arrivant à l’heure officielle vous êtes encore 20 minutes en avance sur l’heure à laquelle les festivités vont réellement commencer.

Nous voici donc partis pour la corniche de Thuwal. Avant mercredi, je ne savais même pas que ce petit endroit existait et que tant de personnes venaient se divertir dans ce lieu fort sympathique. Au regard de tous les détritus qui recouvraient l’esplanade, la foule avait du être nombreuse la veille ! C’est dans ces moments précis que l’on apprécie l’absence d’alcool dans ce pays et que l’on s’interroge sur ce que l’on aurait trouvé si tel n’était pas le cas…Heureusement, comme l’a si bien rappelé le Président de l’association locale, le respect de la nature et de son environnement est inscrit dans le Coran et fait partie des règles à respecter de l’islam. Humm, au regard de mes différents périples dans le pays, cette partie du Coran a du être omise dans bien des écoles. Mais, mieux vaut tard que jamais, une vingtaine de jeunes et moins jeunes sont venus nous accompagner dans cette œuvre charitable. Objectif : unir nos efforts pour que la plage et l’esplanade retrouvent un aspect digne.


Apres une longue série de discours, où il est important de n’oublier personne et de ne faire aucun commentaire désobligeant innocemment, nous nous retrouvons par groupe de deux à recueillir séparément les boites de polystyrène, les canettes et le plastique. A notre grande surprise, les canettes n’étaient pas trop nombreuses mais le plastique… quel fléau et en particulier ces fameuses pailles !
 
 

Mon coéquipier et moi nous sommes donc armés de nos deux sacs et gants et avons arpenté la corniche et la plage tout en conversant tranquillement. Je pensais rencontrer de nouvelles personnes locales mais c’est avec un rollo (Colombien de Bogota) que j’ai vécu cette expérience. Heureusement que la conversation était animée et que nous étions sur la même longueur d’onde car l’exercice aurait pu être difficile. J’avais sous-estimé l’effet soleil, le peu de vent du week-end (alors que la semaine dernière le vent était au maximum) et l’abaya en dessous de laquelle j’avais choisi de mettre un pantalon de sport d’une chaleur insupportable mais qui a le bénéfice de ne pas montrer mes formes si l’abaya venait à s’ouvrir. Heureusement, que le plastique s’amoncelle également dans la mer, j’ai au moins eu une excuse valable pour aller me rafraichir un peu, toute habillée évidemment, sous les yeux hagards des hommes locaux qui se prélassaient au soleil.
 

 
Ne nous plaignons pas, l’exercice n’a duré qu’un peu plus d’une heure et m’a permis de connaitre un endroit auquel j’aurais normalement très difficilement accès. Dommage, car cette plage m’a vraiment donne envie de revenir et de nager jusqu’à la mangrove de l’autre cote. Dans mes rêves seulement ! J

 
 





 

samedi 8 octobre 2016

Une grande première en Arabie Saoudite...

J'avais toujours considéré normal de pouvoir entrer dans un stade accompagnée ou non d'une personne masculine et de pouvoir observer un spectacle d'une quelconque nature depuis les tribunes. Ça c'était avant...

En Arabie Saoudite, les femmes n'ont pas le droit d'assister aux matchs de foot ou tout autre événement qui pourrait se produire dans un stade. Lorsqu'elles ont la possibilité d'assister à une conférence ou autre spectacle, elles sont généralement séparées des hommes même si elles viennent accompagnées de leur mari. Ça c'était avant....


Car ce soir nous avons vécu une grande première dans la King Abdullah Sport City: nous avons pu assister dans la zone famille au spectacle d'Iluminate (Iluminate.com), dans une ambiance déchaînée et sans aucune séparation de genres. Seuls les hommes seuls se retrouvaient dans une zone particulière et bien sûre il n'y avait pas de zone pour femmes seules. Petit détail mineur mais qui a son importance probablement aux yeux de l’extérieur. De notre côté nous ne nous sommes pas arrêtées à cet aspect, trop heureuse de pouvoir fouler le sol de ce stade pour la première fois et de vivre une telle expérience en toute liberté!

Mais la magie de cette expérience va encore bien plus loin puisque le show au-delà de jouer sur la lumière et les mouvements était une représentation artistique qui impliquait musique et danse dans leur extrême. Choses, comme tout un chacun le sait, interdites en KSA normalement. Ces quelques éléments ont bien sûr généré un enthousiasme et un déchaînement des foules sur tous les numéros. Malheureusement, personne ne s'est hasardé à se lever et à danser ouvertement mais les temps changent... Le seul fait que le gouvernement ait autorisé une telle manifestation avec une organisation au plus haut niveau et des staffs masculins et féminins souriants comme jamais semble annoncer une petite révolution culturelle très intéressante. Serait-ce le début d'une petite liste d'opportunités culturelles qui s'ouvrirait tous sexes confondus?

KSA ne serait pas KSA sans son petit lot de leçons. Si l'on vous dit que le show commencera à 20h15 et que personne ne rentrera une fois le spectacle initié. Rigolez ouvertement et ne vous attendez pas à ce qu'il commence avant 20h30-20h45 et à 21h les gens continueront d'arriver guidés par les petites lanternes. Si les annonces vous prient de fermer vos portables et que toute personne ne respectant pas cette règle sera priée de sortir, assurez-vous de conserver votre portable pour pouvoir prendre une photo le jour où cette exclusion arrivera réellement. Malgré les menaces, le
s portables étaient tous sortis sans qu'ils aient eu nécessairement la clairvoyance d'éliminer le flash préalablement. :-(

Même s'il faut difficile de trouver l'entrée adéquate du stade, il est important de souligner l'organisation hors-pair de l'événement et la qualité exceptionnelle du spectacle. A conseiller aux petits et grands!





  

La importancia de la feminidad...

Hoy fui a un taller en Jeddah. El tema era "un tiempo para ti, como mejorar tu bienestar". Iba mas para ver como lo iban a organizar que por el tema en si mismo, debo admitir.

Fuimos solamente dos "clientes", y al final era sobre "amarse a si misma". Desde el inicio no me gusto el estilo de la persona que lo lideraba pero tuve muy buena empatía con la otra persona. Tenia tantas ideas de como hacer este tipo de taller mientras la líder hablaba que hasta me pregunte porque una persona no dude en ella para iniciar tal actividad cuando yo me pongo tantos obstáculos y lo dudo tanto... Pero bueno eso es otro tema que reflexionar!

Lo que quiero compartir es la situación de la otra mujer, me impacto mucho. Al final terminamos escuchándola y aconsejándola mas que hablar del tema. Aunque termine analizando que su problema era realmente de amarse a si misma sin siempre esperar la aprobación de su esposo. Ella perdió hace 7 anos un bebe a los dos meses y con la manera de este país de manejar la muerte, no pudo realmente hacer el duelo como lo hubiera querido y paro de llorar desde este instante. Como estaba haciendo su doctorado en esa epoca en Inglaterra, ella y su esposo vivieron este periodo difícil separados. Ella logro terminar su doctorado y volver a la vida con muchas dificultades pero desde que defendió su tesis su esposo no quiere tener sexo con ella mas y le dijo que no la desea mas. Hasta le pidió poder casarse con otra mujer, tener segunda esposa para que su deseo vuelva.... Tuve mi análisis de la situación pero lo que me impacto es lo siguiente:

En nuestra sociedad, muchas veces escuchamos estos problemas de sexo de pareja y de estos tiempos largos donde no logran tener sexo y eso generalmente desespera o pone dudas en el cerebro de la mujer. Pero en esta sociedad donde ya es tan difícil conservar su feminidad, lo veo aun mas complicado. En nuestra sociedad, por lo menos puedes vestirte linda en la calle y sentir las miradas que te hacen sentir femenina o puedes expresarla cuando quieras. Pero aquí, no tienes esta oportunidad y si tu esposo no respeta este aspecto y te hace sentir menos deseable, es una pelea muy fuerte para que tu auto-estima no baje. Allí si tienes que amarte muy profundamente para no caer. Cuando le dije que era muy bella mujer, me dijo "A veces pienso que es una mentira. Puedes imaginar que el único hombre que me puede mirar y del cual busco la aprobación en este sentido, no me desee mas". Que duro eso, no?

Al final, reverse un poco el taller y fue como si hubiera sido liderándolo. Hubiera debido hacerlo mas suavemente creo, espero no haber herido a la organizadora pero por lo menos la otra señora parecía sentirse mejor al salir del ejercicio y me dijo que unas cosas que le dije habían resonado en ella.

Hay tantas cosas que afectan a las mujeres aquí y no son las que se ven mas abiertamente que les hacen sufrir mas.

vendredi 30 septembre 2016

Dejar fluir...

Le thème de mon voyage en Colombie... qui se traduit par "let it flow" en anglais et "laisser couler" en français.

N'est-ce pas quelque peu ironique qu'une expression qui se veut positive et libératrice dans d'autres langues soit si négativement impactée en français. Mais, me direz-vous, l'eau coule à flots et au premier regard cette expression n'a absolument rien de négatif. Sauf que.... lorsque l'eau coule, celle-ci se dirige généralement vers les bas fonds. Et lorsque le bateau coule, par définition il ne reste pas à la surface ni finit ses jours heureux au soleil.

Si le terme fluidifier existe, si l'eau est fluide, pourquoi le verbe "fluir" ne pourrait-il pas exister plutôt que d'imaginer une nouvelle expression avec le terme "couler"? Les français n'ont-ils pas le droit eux aussi d'adopter une attitude positive face à la vie?

mercredi 31 août 2016

On being tolerant...

Alors que je venais rencontrer mes etudiants a MSU aujourd'hui j'ai ete temoin d'une scene qui m'a laissee pensive: une de mes etudiantes clairement occidentalisee, puisque j'ai meme eu du mal a penser qu'elle pouvait etre Saudi, s'est retrouvee dans les bras d'une autre etudiante Saudi plus conservatrice. Elles se sont embrassees fortement, respectees, et etaient heureuses de se retrouver apres un ete separees l'une de l'autre.
 
Partageant la meme culture, ou le jugement et la delation sont generalement valeurs communes, elles auraient pu se regarder en chien de faillance. Mais non, chacune respecte le choix de l'autre sans jugement et sans essayer d'imposer ses croyances...
 
Si ces deux personnes eduquees par deux familles totalement opposees - le pere de l'une a poursuivi toutes ses etudes a l'etranger et la mere de l'autre n'a jamais connu une autre terre que le royaume - sont capables de s'apprecier et d'etre de vraies amies, pourquoi est-ce que les medias et le reste du monde ne cessent de propager l'intolerance?
 
Honnetement, ces jeunes etudiantes qui vont en classe en short extra courts et en petit haut sexy me perturbent bien plus que les etudiantes voilees. Comme m'a si bien repondu la deuxieme etudiante, elle avait l'habitude de voir ces jeunes femmes a la tele. Si cela leur convient, elle ne souhaite pas les convaincre autrement. Elle sait qui elle est, souhaite respecter ses propres valeurs et rester fidele a elle-meme sans imposer quoi que ce soit a qui que ce soit! 
 
Alors je me pose la question: Qu'y-a-t-il de mal a cela? et en quoi cela devrait-il offusquer le reste de la population?

mardi 23 août 2016

Ce moment où...

Vous découvrez que vous n'avez jamais réellement vu la face cachée des jeunes femmes Saudis ! 

Même si j'avais eu la chance de voir quelques une de mes amies dévoilées chez moi ou lorsque nous dînons entre filles en milieu fermé, ces opportunités restaient relativement limitées et très peu diversifiées. 
Samedi, alors que j'avais convenu de retrouver Solafa à Jeddah, elle a généreusement proposé que nous nous retrouvions au Park Hyatt Hotel plutôt que dans un mall. Nul besoin d'ajouter "à mon plus grand bonheur!" 

L'hôtel a souhaité développer un complexe unique dans ce pays où un spa uniquement réservé aux femmes a été construit et celles-ci ont la possibilité de se dévêtir (pas de burkini pour les anxieux de la polémique actuelle) avec une petite fenêtre sur la mer rouge pour ne rien gâcher. 

A peine arrivée j'ai eu la sensation de me retrouver au paradis, peinture blanche, musique zen et jeunes filles magnifiques arpentant les couloirs. Vous ne vous imaginez pas ce que le son musical dans un lieu public peut faire à vos oreilles lorsque vous en êtes privés pendant si longtemps!

Certes le droit d'entrée n'est pas des plus économiques et les femmes présentes représentaient une certaine classe mais elles étaient toutes superbes et modernes. Quel contraste avec la vie quotidienne!

Certains disent que le voile permet de donner de la valeur à la femme... Il y a très certainement de véritables trésors cachés dans ce pays!

Sur ce, je m'envole dans quelques heures pour un mois de liberté. Première étape: USA et pour finir: Paisalandia!!
 


  

dimanche 7 août 2016

Un bien curieux musée...

Derrière sa prestigieuse architecture, se cache un amoncellement de culture et de savoir scientifique invraisemblable. Ce lieu a été érigé par une personne sur ses deniers propres il semble. Cette personne a réussi à acheter et à exposer plus de choses de tous les continents et toutes les disciplines qu'aucun curateur n'oserait rêver.

 
Certes la disposition des œuvres laisse parfois pantois puisque la première salle présente des images de senso-perception alors que la deuxième nous propose un fossile de dinosaure directement importé du Brésil et que la troisième nous expose le développement du royaume pétrolier, juxtaposé à certains messages de développement personnel tout en faisant face à de nombreux posters prônant le manger sain et équilibré. Une organisation tout à fait aléatoire qui nous laisse perplexe initialement mais qui finit par nous séduire à la fin de l'après-midi. Un minimum de trois heures est en effet nécessaire pour arpenter les 200 salles de ce musée.


Le deuxième étage oscille entre la représentation des différents habitats dans les diverses régions du royaume, l'art islamique et des œuvres d'art de toutes les époques, pays et styles. Je n'avais jamais vu autant de joyaux réunis dans un seul et même endroit. Des vases de Chine d'une beauté et grandeur époustouflante, des tapis de Turquie que l'on ose à peine effleurer et des tableaux d'artistes probablement reconnus disposés de part et d'autre des couloirs sans pouvoir les admirer à leur juste valeur tant ils sont agglutinés les uns sur les autres.   





Je dois avouer que nos yeux ont été saturés après deux heures de découverte, mais la visite valait définitivement le détour. Même notre chauffeur de taxi a apprécié sa longue attente puisqu'il a pu respecter son heure de prière dans l'une des plus belles mosquées de Jeddah.

Quelques photos supplémentaire sur le lien suivant! :-) 

https://goo.gl/photos/dwD5LeS5uhfHUUvQ7

vendredi 5 août 2016

Une petite soirée ciné à Jeddah...

Ciné et Jeddah ne rime généralement pas ensemble puisque le seul cinéma ouvert en Arabie saoudite réside sur notre campus. Mais hier soir j'ai pu bénéficier de la générosité du centre d'échange culturel. Ils nous ont proposé la diffusion du film "Aramco brats", les enfants nés des familles américaines qui ont accepté de s'expatrier en KSA pour participer à la création de la compagnie pétrolière ARAMCO et donc contribuer fortement au développement de l'Arabie saoudite.

Le film présentait un peu trop longuement à mon goût les conditions "de rêve" dans lesquelles vivaient ces familles et les larmes qui coulent désormais sur leur visage à la simple évocation de ces souvenirs. Curieusement, ou pas puisque notre campus a été créé par les dirigeants de Aramco, leur vie paradisiaque ressemble trait pour trait à la nôtre... Le producteur pourrait parfaitement décliné son film en K...T brats! Je lui conseillerais néanmoins d'inclure les effets pervers de vivre dans une telle bulle et de se focaliser un peu plus sur les points tout à fait pertinents suivants et traités un peu trop rapidement à mon goût.

Certaines de ces personnes ont dû quitter le pays à la lueur des chars militaires en pensant y revenir sous peu. C'était leur maison, leur pays depuis leur naissance et ils n'ont jusqu'à ce jour pu y retourner. Je n'avais jamais connu cela auparavant mais l'idée de ne pouvoir revenir visiter ce pays si jamais je venais à déménager me perturbait fortement. En effet, à moins de se convertir ou d'avoir un membre de sa famille sur place, impossible de revenir... Triste réalité. J'ai commencé à respirer sur ce sujet lorsque mon amie Solafa m'a assurée qu'elle pourrait m'inviter professionnellement. Un vrai soulagement!

Mais nombre de ces familles n'ont pas eu cette chance! Ces familles, sans avoir énormément de contact avec la culture Saudi, ont néanmoins appris à respecter l'islam, à voir ce pays avec d'autres jumelles que les optiques faussées des médias, et à garder un esprit ouvert sur toute autre culture. Vous voulez dire que je ne suis pas la seule à sentir ces choses?

 Autre point trop éphémère à mon goût dans ce film: l'incapacité d'un grand nombre de ces personnes à expliquer en détails leur vie aux personnes incrédules extérieures à cet univers, à présenter les beautés de ce pays ainsi que l'accueil chaleureux que nous réserve chaque famille Saudi!

lundi 18 juillet 2016

On dirait le Sud...

Même si j'ai l'impression que je suis rentrée il y a maintenant un siècle, les vacances se sont terminées il y a seulement une semaine. Le cœur lourd j'ai dû reprendre l'air pour Paris voici maintenant 10 jours. Cela m'a rappelé l'époque où je quittais l'Amérique du Sud après un mois de sérénité dans un de mes pays préférés. Cette fois, une semaine avec deux petits anges (qui peuvent parfois se transformer en petits monstres, soyons honnêtes) et la famille a suffi pour remettre en question beaucoup de choses dans ma petite vie jusqu'alors bien tranquille. 

Ne rêvons pas, un retour en France ne saurait s'envisager actuellement et un miracle ne me permettra pas de récupérer les années fécondes passées ! Mais rien ne m'empêche de résumer les étapes parcourues et de dessiner un nouvel horizon.   

A mes crayons ! Non sans partager quelques beaux souvenirs de ces quelques jours français...




vendredi 24 juin 2016

Retour aux sources

Les années ont passé et je reste impactée par le sujet. Les compétences interculturelles et comment s'adapter à une nouvelle culture reste mon sujet de prédilection, il semble. Même si l'intelligence émotionnelle est venue s'insérer dans cette réflexion, rien ne me fait plus vibrer que d'assister à un débat ou différentes cultures s'expriment sur leur adaptation dans leur nouveau pays.

C'est cette formidable expérience que j'ai pu vivre dimanche dernier dans la superbe maison du non moins célèbre architecte Sami Angawi (cf. un de mes posts précédents qui rendait compte de ma première visite dans cette magnifique maison). Nous avons eu le privilège de sa présence un court instant. Cette brève apparition m'a permis de confirmer la grandeur de cet homme. C’est non seulement un architecte et philosophe reconnu dans le monde entier mais sa simple prestance vous illumine d'un seul rayon et il vous irradie instantanément de sa sagesse et sérénité. Un phénomène inexplicable que je n'ai connu qu'en très rares occasions. Les dernières personnes qui m'ont fait cet effet étaient Bill Clinton et Margareth Mitchell. La comparaison aujourd'hui me parait peu appropriée tellement il me semble au-delà de ces deux personnages publics.

L'évènement était ouvert et gratuit à tout public. Une vingtaine de nationalités étaient présentes et incluaient l’Estonie, l’Ethiopie, la France, l’Italie, le Pakistan et les Etats-Unis sans oublier l’Arabie Saoudite. Vous imaginerez les débats que cette diversité a générés. Certaines femmes américaines vivaient en Arabie depuis presque 40 ans, leur vision était très intéressante. Musulmanes toutes les deux, elles ont apporté une vision bien différente de ce pays. L’une d’entre elles comparait la vie qu’elle avait eue aux Etats-Unis en tant que musulmane, le racisme et les pressions négatives qu’elle avait reçues alors qu’elle ne demandait qu’à exercer sa foi en paix. Arrivée en Arabie Saoudite, elle reconnaissait qu’elle s’était sentie plus libre et respectée que dans son pays d’origine. Une autre vieille dame reconnaissait et dénonçait les abus des femmes encore existants dans certaines familles et la non réponse des autorités dans de telles situations mais admettait qu’elle préférait largement vivre en Arabie Saoudite qu’aux Etats-Unis. Au cours de toutes ces années, elle avait pu vivre trois révolutions qui avaient largement contribué au développement du pays : l’apparition du câble, du téléphone et Internet. Au vu de l’évolution du pays à travers ces transitions, elle exprimait sa confiance en un avenir positif.

Curieusement, la personne la moins optimiste de toute la salle était une Saudi dont les parents étaient d’origine anglaise et italienne. Elle souffrait non seulement des mêmes maux que nous expatriées (inhibition de notre féminité, perte d’indépendance et impossibilité de conduire) mais aussi de la victimisation de ses enfants en terme de harcèlement car leur mère ne suit pas les protocoles locaux et ne se couvre pas. Je crois qu’elle souffre plus pour cette deuxième situation que pour la première. Je lui faisais d’ailleurs remarquer (me référant a ma propre expérience) qu’être trop indépendante comportait aussi ses travers.

Le thème de l’imposition culturelle par une minorité est également apparue à l’issu du débat. Conservateurs et libéraux se sont affrontés verbalement l’espace d’un instant pour ensuite retomber diplomatiquement et laisser place à l’éternel débat de donner la possibilité des femmes conduire dans le pays. Un thème récurrent des femmes dans ces instances qui génèrent des soulèvements de sourcils de la part des hommes, façon « encore ! ».  

Lors d’une discussion sur cette soirée avec un de mes étudiants, j’ai eu la possibilité d’écouter le prince s’exprimer sur ce sujet. Dans son discours, il déclarait que le problème ne provenait pas tant de la famille royale que de la société elle-même. Le film « Wadjda » de Haifaa Al-Mansour le décrit subtilement mais parfaitement. Dans ce même discours, il faisait une analogie très pertinente : les Etats-Unis ont été créés en 17794, combien d’années leur a-t-il fallu pour abolir l’esclavage, donner le droit de vote aux femmes… ? KSA est né il y a 100 ans, certes les problèmes existent et de nombreux faits restent inadmissibles aux yeux des occidentaux mais le parcours réalisé en si peu d’années laisse penseur également. Cette transformation risque de s’accélérer encore lorsque certains (et j’espère un important groupe de mes étudiants) des 400 000 étudiants saoudiens, qui se trouvent actuellement aux Etats-Unis grâce aux bourses offertes par feu le roi, rentreront au pays.

Mes nombreuses conversations avec les étudiants montrent leur dévouement à cette cause et leur volonté de contribuer au changement. Mes esprits révolutionnaires toujours bien présents, je dois avouer que je les incite fortement à la création d’entreprise et les supporte dans cette voie. J

Prochaine excursion culturelle : exposition photo sur le voyage à Makkah en 1905 et une exposition artistique locale. Qui aurait cru que je pourrais trouver autant de vie culturelle dans ce désert ?

 

vendredi 17 juin 2016

The Forty Rules of Love... un roman qui vous affecte en profondeur

Ce roman d'Elif Shafak, auteure turque, ne vous laissera pas indifférent je vous le garantis. Solafa, une très bonne amie Saudi - du clan Intelligence Émotionnelle - me l'avait recommandé pendant ma première formation EQ Coach à Dubaï et il s'était curieusement présenté devant mes yeux lorsque je  déambulais les longs couloirs de Virgin à la recherche de livres intéressants pour... mes neveux. 

Il portait le sticker "Best gift pour St Valentin", je m'attendais donc à un simple roman "cheezy", même si cela ne semblait pas vraiment être le style de Solafa. A peine acheté, aussitôt ouvert et une incroyable découverte! Ce roman est une ode à l'amour au sens large du terme même s'il se traduit initialement dans la relation entre deux hommes emblématiques: Shamz (dervish) et Rumi (poète dont les vers continuent de peupler les murs de nombreux internautes). A travers ce livre, les versets du Coran les plus controversés sont expliqués en profondeur, la vie des femmes, des jeunes filles et les différents stéréotypes si souvent attribués négativement à l'Islam sont discutés. Le soufisme révélé à la lumière du jour. Une excellente façon de mieux comprendre cette danse si étrange qui m'avait "presque" endormie lors de ma dernière visite à Istanbul. 

Encore sous le choc de cette très belle lecture, Solafa (eh oui, encore elle!) m'informa qu'un groupe de discussion sur ce livre se tiendrait à Jeddah pendant le ramadan. Malgré les horaires très rédhibitoires que nous impose cette période, aucun événement ne commençant avant 21h30, je me suis inscrite avec mon amie Nada. Fatiguée au plus haut point, avec une importante journée le lendemain, mon cœur n'était plus aussi dynamique à l'idée de rentrer si tard à la maison. Ma conscience néanmoins m'incita à poursuivre l'aventure. Bien m'en a pris. 

J'ai ainsi pu converser avec six femmes saudis exceptionnelles qui, grâce à leurs expériences personnelles respectives, avaient interprété ce livre avec différentes intonations. Une diversité de sujets est apparue pendant la soirée: du traitement des femmes dans la société saudie à ce que pourrait offrir l'islam progressiste à cette même société, en passant par l'homosexualité et bien sûr l'amour dans son universalité. ces deux heures se sont envolées en l'espace de 20 minutes. 

Heureusement, la prochaine discussion aura lieu en août, Inschallah! A priori, le livre en question sera "conversation avec Dieu". N'ayez crainte, je ne me suis pas convertie, c'est un livre que beaucoup de personnes m'ont recommandé ces derniers temps (petit clin d’œil à Khing) et qui curieusement a été sélectionné dans ce cadre.

Dimanche soir, une nouvelle expérience culturelle m'attend puisque j'assisterai à un séminaire sur la vie en Arabie Saoudite avec une experte en interculturalité. Curieusement, la vie dans ce pays génère de plus en plus de rencontres intéressantes. :)

Je joins ci-dessous quelques photos d'un petit voyage "sculpturel" à Jeddah...









 


    

mardi 10 mai 2016

Quand la vie m'offre ses leçons sur un plateau...

Je ne peux m'empêcher d'écrire ce soir, incapable de me concentrer sur le sujet qui devrait pourtant m'occuper depuis des semaines : comment améliorer son optimisme. Pourquoi, me direz-vous, suis-je sensée explorer cette question? Pour résumer une longue histoire, c'est le sujet que je me suis vue attribué pour ma prochaine formation à Dubai et être certifiée Coach en intelligence émotionnelle (ou EQ Coach). 

Malgré les nombreuses années d'apprentissage et tous les efforts que j'ai pu faire pour apprendre plus théoriquement et moins empiriquement, il semble que la vie elle-même me rappelle que rien ne rentre dans mon cerveau si je ne suis pas soit sous pression ou que je vive les faits eux-mêmes pour les intégrer et comprendre complètement. 

L'optimisme donc.. Curieux sort que d'être choisie pour ce thème si étroitement lié à mon développement personnel. Ma terre d'origine est loin d'être reconnue pour sa culture optimiste, je la remercierais plutôt de m'avoir transmis un fort esprit critique, la possibilité d'argumenter et mon goût pour la culture. Mais... tous ces atouts sont aussi teintés d'une couleur un peu plus sombre: le pessimisme. Avez-vous déjà remarqué que pour signifier quelque chose de positif, la langue française utilise la négation. "C'est bien"... Non.... ce serait beaucoup trop beau! "c'est pas mal" est beaucoup plus engageant. 

Sans même comprendre ce qui m'arrivait, je me suis vue peu à peu transformée pendant mes quatre années en Colombie, le pays où les gens les plus pauvres observent la vie avec un sourire et un espoir d'un avenir meilleur qui font face aux pires obstacles. Bien sûr, cet optimisme à toute épreuve a ses limites mais saupoudrer mon esprit franco-critique d'un peu de positif m'a fait le plus grand bien ! J'ajouterais même qu'heureusement que j'ai pu bénéficier de ce moulage avant de m'embarquer pour cette nouvelle aventure dans le désert. Mon expérience saoudienne aurait pu tourner au vinaigre balsamique sans ce petit passage préalable au pays du printemps éternel. Mon travail quotidien est d'appliquer les enseignements colombiens et d'améliorer mes compétences dans ce domaine pour atteindre plus facilement ma prochaine oasis. 

Le week-end dernier, j'ai eu l'opportunité de coacher une personne pourvue d'un optimisme très, voire trop, développé et de constater les effets néfastes que cela pouvait aussi engendrer chez cette même personne. Remarque quelque peu naïve me direz-vous mais qui saura alimenter mon petit exposé la semaine prochaine. 

Mais la leçon la plus importante m'est arrivée sur un plateau cet après-midi en la personne d'Hajar. Une visite inattendue qui a illuminé ma journée. Je l'avais rencontrée l'été dernier, nos premières conversations avaient été plutôt tendues puisque je devais lui annoncer qu'elle ne pourrait participer au projet de recherche qu'elle avait en tête. Je ne peux jamais résister à quelqu'un qui sait argumenter avec raison et qui malgré le ton insistant reste correct dans ses propos. Elle avait eu gain de cause et je lui avais trouvé un logement sur le campus. Mais l'histoire s'est compliquée lorsque les autres étudiantes qui devaient partager son appartement m'ont informée des chamailleries qui duraient depuis un an et que cette jeune demoiselle ne s'était pas nécessairement comportée au mieux. Sans prendre parti, j'ai essayé de converser avec Hajar. Je dois avouer que je suis restée quelque peu frustrée de n'avoir atteint les résultats escomptés. Au milieu de l'été, la triste nouvelle est tombée: des cellules cancéreuses ont été trouvées dans son corps. Elle restait néanmoins toujours aussi inaccessible. Même si le contact restait cordial, aucune avancée ne s'annonçait. Je dois reconnaître que j'ai même pensé que si son comportement ne changeait pas, elle aurait du mal à sortir indemne de cette difficile période. Je ne pensais pas avoir pensé à voix haute...   

En accord avec ses parents, elle a décidé de retourner aux U.S. et d'avoir un avis supplémentaire sur son diagnostique. Malheureusement, celui-ci fut très rapidement confirmé et Hajar a demandé à pouvoir rentrer en KSA et se retirer du programme. Curieusement, même si je ne suis plus supposée m'en soucier, l'envie de la contacter m'a taraudée toute l'année. Je n'en n'ai rien fait mais son nom restait ancré dans mon petit cerveau. Fort heureusement, mes collègues ont fait appel à elle aujourd'hui et nos chemins se sont croisés au détour d'une réunion officielle. 

A ma plus grande surprise, son regard envers moi s'est tout de suite illuminé et nous nous sommes immédiatement étreintes. Ce changement d'attitude m'a bien évidemment surprise mais l'histoire et le discours qu'elle m'a tenus sont encore plus puissants à mes yeux.

Elle remercie la vie pour ce qui lui est arrivé, elle considère cette triste nouvelle comme une excellente opportunité de se recentrer sur ce qu'elle voulait réellement étudier et qu'elle avait perdu de vue lorsqu'elle avait découvert la recherche sur notre campus: la médecine. En rentrant en KSA, les médecins ont avoué leur incapacité à comprendre ou traiter sa maladie et lui ont recommandé un docteur à Los Angeles (ironie du sort puisqu’elle étudiait à San Diego). Elle voyage donc tous les trois mois aux U.S. pour se faire soigner et s'assurer de la bonne évolution de la maladie. Elle profite pleinement du soutien de ses parents qui ont grandement apprécié son retour en KSA et l'ont gratifiée d'un jacuzzi dans sa chambre (oui, il fallait bien un petit détail saoudien quand même). Elle s'est inscrite dans une université relativement multiculturelle à Riyadh et parle avec passion de ses études, ses projets de se spécialiser en chirurgie et de poursuivre sa carrière aux Etats-Unis tout en servant et en découvrant son pays.

Humble, souriante, respirant la joie de vivre, je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle entre nos deux rencontres et de la féliciter pour cette impressionnante évolution. Alors que je la complimentais, elle m'a remerciée pour mon attention de l'année dernière et m'a présenté ses excuses pour son attitude.

Nous avons fini par découvrir notre goût commun pour les treks et qui sait nous nous retrouverons peut-être sur l'un d'entre eux puisque nous sommes abonnées aux mêmes newsgroups! 

Mais en attendant je garde à l'esprit que même dans les pires moments, il est important de regarder les épreuves avec un œil positif et de ne pas perdre son esprit de résilience de vue. La vie finit toujours par vous récompenser à moyen terme.       

vendredi 6 mai 2016

Les taxis et moi... Une histoire d'amour (ou pas) !

Vous aviez peut-être apprécié (ou pas) mes histoires de taxis colombiens qui souvent se terminaient en demande en mariage. Grande nouvelle, cette fin heureuse ne risque pas de m'arriver dans ce doux nouveau pays d'adoption. 

Même avec la plus grande volonté, garder son calme et une diplomatie à toute épreuve est terriblement difficile. Bien sûr, une fois de plus ces conducteurs ne sont nullement responsables de la situation dans laquelle on les met : ils sont probablement payés une misère, ne parlent pas anglais (ni arabe) et ne connaissent en rien la ville. Certains ne savent même pas s'orienter sur notre campus, alors Jeddah vous n'y pensez pas!

Ma première expérience désagréable s'est déroulée il y a 15 jours lorsque nous avons décidé, jeunes femmes indépendantes de nous rendre à une nouvelle expo d'art à la galerie Alamania. Plus de 30 artistes étaient représentés et proposaient deux sketches chacun. Après un long et douloureux périple, de nombreux appels à un ami peintre pour nous guider, nous avons enfin trouvé la petite maison,  rencontré et échangé avec les artistes en personne. 
Nous avions eu la génuine idée de faire d'une pierre deux coups et de nous rendre à une deuxième expo "The arabian wings", soit disant située dans les proches environs. Nous étions lundi soir mais après tout quitte à voyager tout ce chemin, autant en profiter pleinement. Bien sûr entre théorie et réalité, il y a toujours une variante et la flexibilité s'impose d'elle-même. 


Notre flexibilité a néanmoins été mise à rude épreuve. Le chauffeur ne nous comprenant pas bien semblait prendre les routes opposées à celles demandées. Lorsqu'il s'est senti perdu, il a fait appel à un ami qui, bien sûr, ne comprenait pas mieux et nous a assimilées aux étrangères habituelles qui probablement au lieu de prononcer Alhyatt voulaient aller à IKEA. Toutes nos tentatives d'explications et de redirections sont restées vaines jusqu'à ce que désespérées nous avons dû nous rendre à l'évidence qu'à cette heure tardive l'expo était probablement déjà fermée. 

Retour à la maison. Ce ne devrait pas être trop compliqué, hein? Vous savez comment rentrer? Eh bien oui bien sûr! Alors pourquoi est-ce que vous allez dans le sens opposé de ce qui est indiqué sur le GPS? Tout simplement parce qu'il ne connaît qu'une seule manière de retrouver Medinah road et que nous ferons un nombre impressionnant de demi-tours pour retrouver le seul chemin qu'il connaissait. Et bien sûr, il aurait aimé avoir un pourboire... Pourquoi n'a-t-il pas de GPS me direz-vous? Tout simplement parce que la société qui les paie une misère considère qu'ils doivent se le procurer eux-mêmes. A priori ils doivent aussi se former eux-même et apprendre l'anglais tous seuls? Cela ne fait pas un peu beaucoup quand même? Incroyable, à notre époque, que les choses puissent encore se dérouler ainsi. :-(

Confiante, j'analysais cette situation comme le résultat d'un piètre choix de la compagnie (nous en avons trois sur le campus) mais la vie a décidé de me démontrer que j'étais encore une fois trop utopique. Hier soir, jeune femme indépendante, j'ai souhaité me rendre seule à Jeddah pour rejoindre une amie pour une intéressante expo d'art. Eh oui encore... Qui a dit qu'il n'y avait pas d'art qui vaille en KSA? Je ne prenais pas un très grand risque en y allant seule puisque le lieu était situé entre deux centres commerciaux très réputés. J'admets, je n'ai aucune idée comment m'y rendre seule, mais c'est bien la raison pour laquelle je fais appel à un taxi, non? Je me suis donc assoupie gaiement après ma longue semaine de travail jusqu'à ce que ce monsieur me demande en un pseudo-anglais de regarder mon app pour savoir où nous devions nous rendre. Mon app? Euh... n'es-tu pas supposé savoir où je dois aller? Fort heureusement ma bonne étoile m'a immédiatement montré le bâtiment où je devais retrouver mon amie. 
Où est l'entrée exactement, là où il souhaite sans aucun remords me laisser ne montre aucunement le signe d'une porte d'entrée. Je doute sincèrement et fortement être au bon endroit. Petit appel à mon amie saudi, qui me le confirme. Comment ce chauffeur pouvait-il même imaginer me laisser à cet endroit toute seule, par cette chaleur il espérait peut-être que j'allais m'amuser à me promener et à demander mon chemin à qui mieux-mieux avec mon abaya? 

Avant de le quitter, je lui demande d'informer l'entreprise que je souhaite changer mon horaire de retour et retarder d'une heure. Il m'assure qu'il vient de le faire... Sauf que... A 20h40 (parce que bien sûr ils arrivent toujours bien plus tôt que prévu, on est supposée ne pas avoir de vie ou quoi??) un autre chauffeur m'appelle pour m'annoncer qu'il m'attend je ne sais où. Après négociation délicate avec le chauffeur, puisqu'une fois de plus nous n'avons pas de langage commun, l'entreprise m'appelle. Alors que mon interlocuteur essaie de me faire passer pour une mauvaise cliente et voulant m'octroyer le paiement d'une heure d'attente, je finis par avoir gain de cause. On me récupérera à 22 heures et je paierai la course normale. 

Bien sûr à 21h40, un nouveau chauffeur m'appelle (grrrrrr) et souhaite venir me récupérer. Non merci, je suis toujours en train de dîner. Mon amie tente sereinement et clairement de lui expliquer comment nous retrouver au restaurant situé à 10 mètres de là où il se trouve. Bien sûr, impossible pour lui de comprendre comment nous localiser. Mon amie offre donc de me conduire à lui. Grrrrr.

Rentrée indemne, je redoute déjà la prochaine invitation à sortir. Je ne peux quand même pas toujours dépendre de mes amis pour sortir librement ! Définitivement, mon séjour ici aura lourdement appuyé sur le levier "indépendance" qui semblait un peu trop fortement me représenter pendant toutes ces années.